Le pire est à craindre en République centrafricaine où les affrontements entre les éléments de l'ex-Séléka et les partisans des milices anti-Balaka prennent de plus en plus l'allure d'une guerre confessionnelle. Comme toujours, les premiers à faire les frais de cette explosion de violence sont les populations civiles. Supposées les protéger, les forces internationales présentes sur place semblent aujourd'hui complètement dépassées. Aussi, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) s'est alarmé de la situation humanitaire désastreuse en raison du fait justement que l'insécurité entrave l'acheminement de l'aide à plus de 935 000 personnes déplacées à cause des violences. «Les gens se cachent dans la brousse, craignant de nouvelles attaques», a affirmé en conférence de presse un porte-parole du HCR, Babar Baloch. Les attaques ciblées contre les civils, les pillages et la présence d'éléments armés sur certains sites où se trouvent des personnes déplacées limitent en effet l'accès des organismes humanitaires aux nécessiteux, a expliqué la même source. Cette détérioration de la situation, combinée à l'éloignement géographique des différents groupes de personnes déplacées en dehors de la capitale Bangui et à des routes en très mauvais état, complique aussi l'acheminement de l'aide aux populations en détresse. M. Baloch fait également état d'un «effondrement complet de l'ordre public» dans le pays, expliquant que malgré une présence militaire internationale près de l'aéroport de Bangui, la communauté humanitaire n'a pas été en mesure de mettre en place les conditions requises pour permettre aux agences de faire leur travail correctement. Populations en danger Des troupes supplémentaires et une coordination opérationnelle plus efficace sont donc nécessaires à l'appui de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (Misca), a fait savoir M. Baloch. Entre-temps et après avoir accru sa présence dans le pays, le HCR a, depuis dimanche, ouvert un pont aérien depuis ses entrepôts régionaux pour faire venir véhicules et articles de première nécessité, tels que des tentes, des couvertures et des bâches en plastique. Mais la distribution de matériel d'abri et d'autres articles de secours est plus difficile, a noté M. Baloch, compte tenu du nombre croissant de familles dans le besoin. Plus de la moitié de la population de Bangui, plus de 512 000 personnes, a trouvé refuge dans 67 sites différents de la capitale ou vivent chez des familles d'accueil, et 60% des personnes déplacées sont des enfants. Le Conseil de sécurité avait, rappelle-t-on, autorisé le déploiement de la mission Misca le mois dernier pour mettre fin au cycle de violences interconfessionnelles et de violations des droits de l'homme dans lequel a sombré la RCA depuis un mois. La RCA est notamment dans la tourmente depuis que les rebelles de l'ex-Séléka, qui sont musulmans, ont lancé une offensive il y a un an, contraignant le président François Bozizé à quitter le pouvoir en mars. Un gouvernement de transition a permis, dans un premier temps, de rétablir un semblant de paix, ouvrant la voie à la tenue de futures élections démocratiques, mais le mouvement majoritairement chrétien des anti-Balaka a pris les armes et des affrontements interconfessionnels ont éclaté à Bangui début décembre. Et depuis, la situation n'a cessé d'aller de mal en pis. Le constat est le même également depuis le renforcement des troupes militaires françaises dans la région.