Elles sont déjà peu satisfaites au sujet de la mise en œuvre du pacte national économique et social signé en septembre 2006, lors de la dernière tripartite, les organisations patronales ne veulent plus attendre 107 ans pour faire l'évaluation de ce projet. Certains syndicats des patrons entendent d'ores et déjà imposer l'évaluation du pacte aux discussions tripartites de mercredi prochain. Cependant, les propositions émises par les différents syndicats patronaux placent la petite et moyenne entreprises au premier rang des préoccupations. Pour la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA), le sujet de la loi de finances complémentaire 2009 ne doit pas être clos, « en raison de son impact sur nos entreprises ». Il est vrai que ladite loi vient répondre à la nécessité de réduire la facture des importations et réguler l'activité des entreprises étrangères implantées en Algérie, mais, aux yeux de Mohand Saïd Naït Abdelaziz, président de la CNPA, « il aurait été souhaitable que cela ne soit pas une simple mesure de régulation inhérente à une conjoncture et à un mouvement d'ajustement de nos recettes à nos moyens de paiement extérieurs ». Pour la CNPA, le crédit documentaire, imposé par la LFC 2009 comme seul moyen de paiement des importations, favorise le fournisseur et pénalise lourdement les PME en mal de financement et engage la responsabilité de la banque et lui laisse la possibilité d'apprécier ce qui risque d'engendrer certaines formes de discrimination. La CNPA remet le dossier au centre des discussions tripartites et réclame que le secteur productif en soit exonéré. Le président de la CNPA estime que la volonté des pouvoirs publics qui consiste à mettre un terme aux importations inutiles ne peut se concrétiser si des décisions ne sont pas prises afin d'améliorer l'offre nationale des biens et services « en redonnant à l'entreprise algérienne une position centrale dans le processus de création de valeurs ». Ceci, selon notre interlocuteur, ne peut se faire sans la mise en place d'un véritable « plan Marshall » au profit de l'entreprise algérienne. Le terme est repris involontairement par Habib Yousfi, président de la Confédération générale des entrepreneurs (CGEA), pour réclamer une véritable stratégie de développement des petite et moyenne entreprises. Il a évoqué, lui aussi, les problèmes de financement auxquels sont confrontées les entreprises algériennes. Selon lui, ce casse-tête « ne doit pas se poser en raison des liquidités abondantes dont disposent les banques ». « C'est le paradoxe algérien », commente M. Naït Abdelaziz, allusion faite « à l'abondance de liquidités et à l'absence d'investissement ». D'autres questions, d'une importance avérée, figureront de nouveau au menu de la tripartite, à l'instar du régime fiscal et les lourdeurs bancaires, la régulation et le marché informel, concurrent redoutable de l'entreprise algérienne. Pour Habib Yousfi, l'évaluation du pacte national économique et social devrait également s'inviter aux pourparlers entre le gouvernement, le patronat et l'Ugta. « Cette évaluation doit se faire dans la transparence et l'objectivité afin de mieux répondre aux soucis qui pénalisent les entreprises algériennes. » C'est dire que le point nodal autour duquel tournent les propositions du patronat est lié à l'intérêt de l'entreprise algérienne, le véritable moteur de croissance hors hydrocarbures, selon les patrons.