Cette tradition, basée sur la préparation des mets particuliers (berkoukès, beignets et crêpes) et des spectacles nocturnes, consistant à reproduire une histoire mythologique, est célébrée tous les ans avec la même ferveur et passion. Mais en fait, qu'est-ce qu'Ayred ? En plus des victuailles, les habitants, réunis en groupes de neuf personnes toutes déguisées avec des masques représentant des animaux, passent d'une maison à l'autre. Le lion est tiré à l'aide d'une chaîne. Le guide, accompagné de ses acolytes, muni d'un drapeau, frappe aux portes des maisons ; au cas où le ou la propriétaire n'ouvre pas, les participants entonnent : «La jarre est cassée et la maîtresse de maison est répudiée.» Un amas de pierres est alors déposé sur le seuil de la maison. Si la porte est entrouverte, le lion entre, suivi de ses compagnons au son de la ghaïta et du bendir et des chants : «Ouvrez vos portes, nous sommes venus…» La suite du scénario, dont on garde le suspense, est tout aussi passionnante. Mais au fond, tout ce jeu – qui est la préservation de l'héritage des aïeux – a pour objectif principal la solidarité, puisque les fruits, les légumes et l'argent récoltés seront distribués aux nécessiteux. Ayred, Ennayer chez les Beni Snous. Aux origines du théâtre est un livre-album de l'artiste peintre Mustapaha Ndjaï publié aux éditions Dalimen en hommage au carnaval : «J'ai fait ce beau livre par amour. Ce n'est qu'un regard admiratif d'un artiste pour cette fête qui m'a subjugué. Les masques utilisés sont d'une beauté esthétique et artistique extraordinaire. Ils sont vraiment impressionnants», a affirmé l'auteur qui a dû sillonner la région, discuter avec ses habitants, avant d'immortaliser cette richesse dans un bel ouvrage.