Le Forum des chefs d'entreprises (FCE) a voulu marquer cette tripartite en lançant jeudi : « Nous avons pris la décision collégiale de décliner l'offre de participation à la tripartite. Cette dernière ne nous séduit pas et nous avons nos raisons », a déclaré Réda Hamiani, le président du FCE lors d'un regroupement régional avec les chefs d'entreprises de la région Est du pays tenu au complexe Sabri de Annaba. Ces raisons, il les a explicitement énumérées à un parterre tout ouïe, en indiquant que la formule de dialogue telle qu'adoptée au sein de la tripartite est en totale divergence avec celle de son organisation du fait du manque de transparence, de sérénité, d'incohérence et de pérennité dans les débats. Comme autre argument, l'ancien ministre des PME-PMI estime qu'émiettées, les organisations patronales en Algérie ne sont toujours pas arrivées à se réunir autour d'une politique commune à même de leur permettre de faire entendre leur voix. « Reposant exclusivement sur la revalorisation du salaire de base (SNMG), la tripartite est devenue une simple formalité. Nous savons pertinemment, que ce soit pour les volets économiques ou ceux afférents aux questions sociales, tout est arrêté bien avant sa tenue », a ajouté le conférencier. Manque de transparence Il a, toutefois, axé son intervention sur l'incontournable mise à niveau des PME/PMI algériennes, le passeport pour aller à pas sûrs vers la conquête des marchés extérieurs. Selon lui, la production faible et coûteuse, ainsi que le non-alignement sur les standards internationaux en termes de qualité des 320 000 unités que compte le pays est un sérieux handicap qui nécessite des solutions appropriées et urgentes. A défaut, l'objectif d'aboutir à un million de PME/PMI d'ici à 2014 restera un vœu pieux. En cause, au moment où une moyenne de 30 000 entreprises voient le jour par an, ce sont 6000 à 10 000 autres qui disparaissent. Pour freiner cette sensible décrue, le président du FCE préconise de séparer la propriété de la gestion des entreprises privées et d'opter pour la formation qualifiante dans le management. En outre, la promotion des exportations algériennes hors hydrocarbures est, pour Réda Hamiani, le cheval de bataille que doivent enfourcher les patrons nationaux dans la perspective de valoriser leur apport dans le développement de l'économie nationale et mieux convaincre le consommateur algérien que leurs produits n'ont rien à envier à ceux issus d'outre-frontières. Les chiffres qu'il a avancés pour étayer ses dires parlent d'eux-mêmes. En effet, sur les 1,8 milliard de dollars, fruits annoncés pour 2009 et à eux seuls, les dérivés du pétrole ainsi que les métaux ferreux et non ferreux représentent respectivement 50% et 30%, le reste revient aux produits agroalimentaires et autres. Pourtant, éligibles à l'exportation, ces deux derniers chapitres peuvent rapporter à notre pays des ressources nettes pouvant aisément atteindre entre 300 et 400 millions de dollars/an. Pour conclure, Hamiani a tenu à mettre en évidence que les ambitions des initiateurs de la stratégie de promotion des exportations hors hydrocarbures des années 1980 se sont avérées être démesurées lorsqu'il était question d'atteindre les deux milliards/an. Or, presque trois décennies après, l'Algérie n'en est qu'à 1,8 milliard, dont la moitié est issue des dérivés du pétrole. Finalement, regrette le président du FCE, en l'absence de réelle volonté politique, se défaire de l'emprise du tout-pétrole qui colle à notre pays depuis des lustres et comme se complaisent à le croire nos décideurs, demeurera chimérique.