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Quand le rap nargue le système politique
Publié dans El Watan le 06 - 03 - 2014

Le fait est que les vidéos parodiant la politique ont un succès tel que beaucoup s'y mettent. C'est tout naturellement que l'humoriste web Anes Tina choisit le rap pour adresser un message au président Bouteflika, l'appelant à renoncer à un 4e mandat. Arborant un t-shirt portant l'inscription «Din as way of life» (la religion comme façon de vivre), il prend pèse ses mots pour qualifier le bilan du Président. A l'écoute de son message, l'on ressent une certaine crainte. «Monsieur le président, je ne vous ai pas insulté», dit-il à la fin de sa chanson. «Oui, j'ai eu peur, reconnaît-il. Le fait est qu'il y a très peu de messages adressés de cette manière au président de la République. Même si je savais qu'il ne m'arriverait rien et que je crois à la liberté d'expression en Algérie, je craignais que le message soit mal interprété.»
Si sa vidéo a eu beaucoup de succès sur le Net, il feint n'y apporter qu'une importance mineure : «Ce n'est pas mon plus grand buzz. Certains ont pensé que j'ai émergé grâce à cette vidéo, ce qui est faux. C'est ma parodie d'un discours d'Hitler qui a eu le plus de succès.» Et souligne qu'il ne fait pas de politique et que cela ne l'intéresse pas. «J'ai voulu exprimer mon avis, qui est aussi celui de beaucoup de jeunes. Il me fallait dire ce que je ressens. Personne n'est derrière cette vidéo, ce sont mes propres mots», affirme l'apprenti rappeur.
Comme lui, Azzou Hood Killer, l'homme qui a «clashé» le secrétaire général du FLN, se voit aussi comme un «porte-parole de la jeunesse». «Certes, dit-il, Je ne suis pas un politicien, mais je vis dans un quartier populaire, je sais ce que ressentent les jeunes d'autant que nous avons un peuple qui parle avec son cœur.» Comment en est-il venu à scander un rap «politique» ? «J'ai écrit cette chanson pour le drapeau. Saadani a fait une grande erreur, c'est la honte. On ne doit pas toucher au DRS et à ceux qui le représentent. La scène politique est en émoi. Les gens cherchent uniquement leur propre intérêt, cela devient révoltant.» Il décoche ainsi des flèches au secrétaire général du FLN et insiste pour se démarquer de son ancien coéquipier, Lotfi Double Kanon, qui avait attaqué Abdelmalek Sellal. «On ne peut pas mettre sur un pied d'égalité M. Sellal et Amar Saadani. Le Premier ministre apporte, selon moi, une nouvelle mentalité. Il utilise la langue populaire pour s'adresser au peuple, il ne mérite pas qu'on l'insulte», se justifie-t-il.
La guerre des rappeurs
C'est qu'il y a quelque chose de pourri au royaume du rap. Les rappeurs Azzou Hood Killer et Lotfi Double Kanon, qui chantaient autrefois sur la même scène, se livrent aujourd'hui une guerre via internet. «En 2010, j'avais fait une chanson adressée au Président, louant ses efforts pour la stabilité. Quand il y a eu ce clash, Lotfi l'a mise sur le web pour sous-entendre que je suis pour le 4e mandat. Cela salit ma réputation», se plaint Azzou HK. Il en profite pour critiquer le côté «prêcheur» que Lotfi DK prendrait dans ses chansons : «Si l'on suivait les préceptes de l'islam, la musique serait illicite», lance-t-il.
De son côté, Lotfi Double Kanon, que nous n'avons pas réussi à joindre, a toujours prôné un rap populaire, n'hésitant pas à égratigner les hommes du système et à dénoncer le népotisme et la hogra. Il est néanmoins très critiqué pour sa tendance à distiller un discours religieux dans sa musique.
Dans une chanson titrée Fakakir — mot prononcé par le Premier ministre — le rappeur reproche à Abdelmalek Sellal son manque d'éloquence ainsi ce qu'il considère comme un irrespect envers l'islam. Dans ses interventions médiatiques, il explique que c'est «l'ignorance de la religion du Premier ministre» qui l'a poussé à écrire cette chanson.
Il semble néanmoins prendre goût à la chose politique. Il se lance ainsi, dans une récente vidéo postée sur YouTube, dans un long discours (plus de 11 minutes) expliquant sa position non favorable au 4e mandat. La vidéo devient vite lassante tant les redondances sont nombreuses : «Tu te fous qu'on t'aime, il faut qu'on te craigne…»
Pour le reste, les morceaux les plus en vue tiennent généralement plus du pamphlet que de la complainte.
Yalhane Mécili, fils de l'opposant assassiné Ali Mécili, distille, sur une petite musique entêtante, un texte vénéneux à l'adresse du Président-candidat : «Assis sur des lingots d'or/ Les mains pleines de sang/ T'es réélu à 90%/ La France en bonne hypocrite te félicite/ et te nomme Corléone du Nord de l'Afrique…» Dans son clip, Yalhane se met en scène dans ce qui ressemble à une cellule. Un militaire pointant une arme vers lui, il chante : «Tu te comportes comme un colon dans ton propre pays (…) Tu te fous qu'on t'aime il faut qu'on te craigne/ Tu es prêt à tout pour prolonger ton règne…»
Hormis un discours résolument révolté, les chansons n'apportent rien musicalement. Qu'importe, il y a (peut-être) là une nouvelle conscience politique qui émerge dans le paysage rap algérien. Cheikh Malik, observateur de la scène rap, précise, à ce propos, que cette musique a toujours commenté la vie politique : «De manière générale, on ressent la volonté des jeunes de s'impliquer, de se faire entendre et de participer au débat politique à leur manière, sur les réseaux sociaux, vu que la parole ne leur est pas totalement donnée sur les médias lourds. Maintenant, il faut juste se dire que le rappeur réagit avec ce qui l'entoure et que ses textes reflètent l'actualité et comment il traduit la société et l'environnement.»
Le virus du Buzz
«Il y a, pense-t-il, un engouement médiatique pour la chanson rap comme si les médias venaient de découvrir que le rap existe.» Il souligne qu'il est naturel, pour un rappeur, de parler, dans ses textes, de ce qui l'entoure et de ce qui fait la vie sociale, politique et culturelle. Il s'appuie sur les origines du rap pour étayer ses dires : «L'aspect revendicatif et antisystème de la chanson rap a toujours existé, affirme Cheikh Malik, il a commencé par la revendication si l'on se réfère aux prémices du rap de Gil Scott Heron et des Last Poets.»
Parler de «rap engagé» serait sans doute exagéré. Le rap algérien a attrapé, selon l'expression de Cheikh Malik, «le virus du buzz». Pour lui, le rap «engagé» est une manière de vivre et de vouloir «changer les choses sur le terrain, en allant vers les gens, en prenant parole sur des conférences ou des meetings, en s'impliquant dans la vie associative, etc.», explique-t-il. Il y a néanmoins, à l'en croire, un «rap conscient» qui commence à faire sa place en Algérie.
«Actuellement, dans le rap algérien, on parle de tout, ça va dans tous les sens et l'auditeur à un large panel de choix. L'Algérie traverse une période riche en événements et, pour les rappeurs, ce contexte est extrêmement favorable pour l'écriture», affirme Cheikh Malik. Il poursuit : «Le rap est là pour dénoncer les dérives d'où qu'elles viennent et dire ce qui ne va pas, il est en lui-même une certaine forme de contestation contre l'ordre établi, il appartient à la jeunesse et à la société et non pas aux politiques et à la politique.»
D'autres rappeurs vont encore plus loin. «Pourquoi pas me présenter à l'élection présidentielle ?», s'est dit un jour le rappeur Mister AB. Le retrait des formulaires de candidature se passe sans encombre pour le candidat-rappeur : «Lorsque je les ai eus, les journalistes qui étaient là ont complètement oublié Ali Benhadj, présent lui aussi.» Pour autant, Mister AB n'est pas dupe : «J'ai 33 ans, je sais bien que mon âge ne me permet pas de me présenter à la présidentielle. J'ai voulu me mettre dans la peau d'un candidat pour des raisons artistiques. Je préparais alors le clip d'une chanson intitulée Si j'étais Président. Des partis politiques m'ont approché, j'ai découvert un monde dans lequel on peut se faire facilement manipuler.» Costume noir et cravate rouge, il se moque, à sa manière, des candidats à l'élection présidentielle. Il se met en scène dans son clip, hélant un taxi en direction… d'El Mouradia.


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