Les commerçants délogés, anciens locataires, dénoncent le « travail de sape » d'une APC qui veut récupérer le bien pour le céder « aux plus offrants ». L'endroit est devenu un coupe-gorge. N'y trouvent refuge que de jeunes délinquants et de rares visiteurs qui vont dans les quelques boutiques ou toilettes encore ouvertes. L'APC d'Alger-Centre a décidé de déloger les locataires des commerces du passage souterrain de la Grande Poste qui s'est vite clochardisé. « Plus de 70% des occupants ont été obligés de sortir par décision de justice. Il ne reste que quelques récalcitrants. Les difficultés d'exécuter les décisions de justice rendues en notre faveur expliquent cette situation », affirme un élu. Les commerçants sortis dans la précipitation ont tout arraché : les façades en aluminium, les enseignes et même, pour certains, le carrelage. Une odeur nauséabonde se dégage des locaux devenus de grands trous béants. Les commerçants considèrent qu'ils sont lésés. L'endroit, aménagé par l'APC d'Alger-Centre, ne s'est rempli que les premiers jours. « L'APC a promis, il y a 20 ans, à ceux qui louent les espaces que l'endroit sera beaucoup fréquenté. Pour exprimer sa bonne foi, elle nous a assuré que le passage au-dessus des locaux sera fermé à la circulation comme le stipuleront les clauses du contrat. Les piétions seront, de ce fait, obligés d'emprunter l'endroit et s'arrêter devant les vitrines, mais il n'en est rien. L'endroit a vite été déserté par ses rares clients. Certains commerçants n'ont pas pu payer leurs créances », se désole un ancien locataire. « Un échéancier pour le paiement des loyers aurait pu être fait, là aussi rien », se reprend-il en dénonçant « le travail de sape » d'une APC qui veut récupérer le bien pour le céder à des « gens qui offriront plus ». Pour ce commerçant qui s'est retrouvé au marché informel de Dubaï à Bab Ezzouar, « l'ouverture prochaine » du métro explique « l'empressement » des services de l'APC d'Alger-Centre à vider l'endroit. Un autre locataire, concerné par la décision d'expulsion, a considéré que la loi sanitaire stipule que le pharmacien, vu son métier, est obligatoirement propriétaire du fonds de commerce. « Ce qui n'est pas le cas. Si nous évoquons le problème du contrat de gérance, c'est par solidarité et par sentiment de justice avec nos voisins qui n'ont pas comme nous la propriété du fonds, alors qu'ils l'ont tous créé. Donc, normalement, ce fonds doit leur appartenir », affirme-t-il. (Voir El Watan du 31 mai 2008). A l'APC, on affirme que l'urgence, après le départ des commerçants, c'est de réaménager l'endroit. « Des travaux seront lancés, mais, au préalable, le lieu doit être fermé au public. La société qui réalisera les travaux a été choisie le 6 octobre dernier. Le montant du marché est de 7,5 millions de dinars et les délais prévisionnels sont de 30 jours », assure-t-on à l'APC sans donner plus d'informations sur les échéances. Entre-temps, l'endroit est devenu un grand « diki » où les jeunes se rassemblent sans qu'ils soient gênés. Des bagarres éclatent régulièrement entre ces bandes et s'aventurer dans cet espace, c'est tout bonnement risquer de se voir trancher la carotide.