Le Conseil présidentiel du gouvernement d'union nationale dirigé par Fayez Al Sarraj a soutenu, cette semaine, la nécessité de répondre aux appels répétés en faveur de l'unification de l'armée et de la transformation du sud de la Libye en un point de départ pour lutter contre les terroristes et les mercenaires. Devant l'incapacité de la communauté internationale à régler la crise qui ravage leur pays depuis le renversement de Mouammar El Gueddafi en 2011, les Libyens semblent résolus à reprendre eux-mêmes les choses en main. Après avoir tergiversé durant plusieurs mois, le gouvernement d'union nationale (GNA), basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale, et les autorités parallèles de Tobrouk se sont ainsi engagés cette semaine dans le processus de réunification des institutions de l'Etat libyen. Le processus en question consiste, pour le moment, en des échanges d'informations entre les ministères des deux gouvernements. En raison de l'acuité de la menace terroriste et du désordre causé par les seigneurs de la guerre, ce sont les corps de sécurité des deux camps qui sont appelés à donner l'exemple en commençant à travailler ensemble. Le ministre de l'Intérieur, du gouvernement d'union nationale libyen, Fathi Bashagha, a annoncé à ce propos lundi que les départements du ministère et les services de sécurité étaient autorisés à coopérer avec leurs homologues de l'est du pays. Selon un communiqué du ministère, cité par la presse libyenne, «Fathi Bashagha, ministre libyen de l'Intérieur, a accordé la permission à tous les départements et services de sécurité du ministère de contacter officiellement leurs homologues orientaux». Samedi, des officiers de police et des forces de sécurité venus de différentes régions du pays se sont rencontrés à Benghazi, dans le but d'unifier leurs efforts en matière de sécurité. Le fait que cette rencontre se soit déroulée dans l'est de la Libye prouve que Tobrouk soutient la dynamique de rapprochement, ce qui est de bon augure pour la suite des événements. Ce rapprochement entre le GNA et le Parlement de Tobrouk intervient à un moment où les services de sécurité libyens ont du mal à améliorer les conditions de sécurité dans le pays, en particulier dans la capitale Tripoli. Trois personnes au moins ont été tuées et 10 autres, dont un ambulancier, blessées mardi dernier lors d'un attentat terroriste contre le siège du ministère libyen des Affaires étrangères à Tripoli. Deux jours plus tard, soit le 27 décembre 2018, un groupe tchadien armé a attaqué un camp militaire des forces fidèles au maréchal libyen Khalifa Haftar dans le sud de la Libye, faisant un mort et 13 blessés. Lors d'une conférence de presse donnée le jour même à Benghazi, le porte-parole de l'Armée nationale libyenne (ANL), le colonel Mesmari, a estimé que l'attaque lancée contre la 10e brigade près de Traghen était une réponse à la victoire remportée par l'armée à Sadada. Il a réitéré ses critiques contre la Turquie qu'il a accusée de mettre en péril la sécurité et la stabilité de la Libye. Le Conseil présidentiel du gouvernement d'union nationale dirigé par Fayez Al Sarraj s'était empressé aussi à condamner l'attaque menée par des mercenaires tchadiens. Dans sa déclaration de jeudi, le Conseil a déclaré que l'attaque visait la stabilité et la sécurité du pays et constituait également une violation de sa souveraineté. Cela oblige, avait ajouté la même source, à répondre aux appels répétés en faveur de l'unification de l'armée et de la transformation du sud de la Libye en un point de départ pour lutter contre les terroristes et les mercenaires. Il s'agit de voir maintenant si ce prometteur processus de réunification des institutions libyennes ne sera pas freiné par la méfiance de Tobrouk, qui accuse régulièrement Tripoli d'être infiltré par des islamistes radicaux, la lutte pour le leadership qui oppose l'Ouest à l'Est et les enjeux liés aux prochaines élections générales que l'ONU prévoie d'organiser dans le pays au printemps prochain. Dans tous les cas, une politique des petits pas vaut mieux que rien.