La politique semble prendre le dessus sur l'éducation. A Alger-Centre, une école n'a pas été rénovée puisqu'elle n'est pas un centre de vote. Les parents d'élèves de l'école El Khanssa, située au 9, rue Hocine Beladjel (ex-Edith Cavell) ont été abasourdis par cette réponse lapidaire de la bouche d'un élu de leur quartier du Sacré-Cœur. «Nous avons déjà exposé les problèmes de rénovation et d'entretien de cette école à un membre de l'APC. Il nous a fait comprendre que l'établissement n'étant pas un centre de vote, il ne peut bénéficier de travaux d'entretien», indique un document adressé aux services de l'APC et dont El Watan détient une copie. «Nous ne savions pas que le savoir, l'épanouissement, l'avenir et la sécurité de nos enfants dépendaient d'un bulletin de vote», s'indignent les rédacteurs du courrier. Ce constat alarmant n'a pas réussi à faire réagir les autorités communales. «Les murs de soutènement sont fissurés et risquent de s'effondrer sur nos enfants et même sur les passants. Les salles peuvent aussi crouler en raison des infiltrations d'eau. Les arbres peuvent également tomber pour peu qu'il y ait un vent violent», recensent les plaignants. Pour eux, les enfants vivent sous la menace permanente d'accidents à cause de l'inexistence de dos d'âne et de plaques de signalisation à la sortie de l'école. D'ailleurs, des élèves ont été renversés par des voitures. Selon les rédacteurs, l'école, qui était une véritable œuvre architecturale et un exemple de par ses résultats scolaires, manque également de mobilier et de moyens pédagogiques, tels que l'outil informatique, une bibliothèque, une cantine, etc. L'APC, informée de la situation par la directrice de l'établissement, n'a pas réagi à ce jour. Le P/APC, Abdelhakim Bettache, s'est contenté de nous affirmer qu'un programme pour lequel une enveloppe importante a été dégagée concernera l'école en question et plusieurs autres établissements de sa commune. Signalons que la commission de l'assemblée de wilaya (APW) a mis en avant les défaillances touchant les établissements éducatifs dans cette partie de la capitale, mais plus particulièrement à la périphérie. Les APC et les directions de l'éducation traînent le pas pour prendre en charge les établissements délaissés, en dépit des enveloppes financières allouées par les pouvoirs publics. Le constat fait par les élus qui ont effectué des tournées dans des établissements de la dizaine de circonscriptions administratives est édifiant : structures dégradées, manque d'équipements et d'hygiène, décharges à l'entrée des écoles, absence de mobilier. Pourtant, une enveloppe de 800 millions de dinars a été affectée au secteur depuis 2008. «800 millions de dinars ont été alloués par l'APW au profit des écoles durant ces cinq dernières années. C'est une somme astronomique, dont les effets ne sont pas visibles sur le terrain», a estimé le président de la commission de wilaya de l'éducation, de l'enseignement supérieur et de la formation professionnelle, Mohamed Tahar Dilmi, lors d'une visite d'inspection dans les écoles de la circonscription administrative de Rouiba. Les membres de la commission de l'APW ont déjà effectué plusieurs sorties sur le terrain, notamment dans les daïras de Dar El Beida, Rouiba et Zéralda, et l'agenda porte sur l'inspection des écoles des 57 communes de la capitale, en prévision de la tenue, en janvier prochain, de la conférence de wilaya sur le secteur de l'éducation à Alger, où 760 000 élèves sont scolarisés. Les autorités n'ont pas daigné prendre en charge le dossier présenté par l'APW.