Mon nom est Florence Aubenas. Je suis journaliste française. Je suis journaliste de Libération. Je suis en mauvaise santé et je suis en mauvaise santé psychologique aussi. Je lance un appel au député français Didier Julia. S'il vous plaît, Monsieur Julia, aidez-moi. C'est urgent, aidez-moi. » Ces propos ont été enregistrés sur une cassette vidéo de 50 secondes, parvenue à de nombreuses rédactions. On y voit Florence Aubenas éprouvée. Elle portait un t-shirt qui semblait sale tout comme son visage qui portait des traces grises. Aucune revendication n'accompagnait cette cassette ni le nom du groupe qui la détient. Aucun mot sur Hussein Hanoun Al Saâdi, guide et interprète de Florence Aubenas. Et l'enregistrement ne portait aucune date. C'est la première preuve de vie de la journaliste depuis son enlèvement le 5 janvier dernier. A la rédaction de Libération, les sentiments sont partagés entre le soulagement et la méfiance. Cette preuve de vie, non datée, notamment l'appel pressant à Didier Julia, parlementaire qui s'est illustré par le fiasco de sa démarche lors de sa tentative de libération des deux journalistes, Christian Chesnot et George Malbrunot, est accueillie avec beaucoup de scepticisme. « On peut penser que Florence ne fait pas mention librement de Didier Julia dont on peut penser qu'il n'est pas l'homme le plus légitime pour intervenir. Est-ce qu'il n'y a pas un lien avec l'affaire précédente ? Est-ce que finalement cette affaire que l'on pensait criminelle est en train de se politiser ? Est-ce une manipulation au deuxième ou au troisième degré ? Toutes ces questions restent posées », s'interroge Serge July, directeur de Libération. Ce nouveau rebondissement a poussé le gouvernement français à sortir de son mutisme et à faire état de l'existence d'une première cassette vidéo montrée uniquement à la famille de Florence Aubenas. « Il y a dans cet appel un élément important, c'est qu'elle est en vie. Nous avions reçu nous-mêmes, il y a plusieurs jours, une autre preuve de vie de Florence Aubenas que j'avais communiquée et fait voir à sa famille. Nous avons besoin maintenant de vérifier la chronologie, le contenu de cet appel pour bien l'utiliser », explique Michel Barnier, ministre des Affaires étrangères. Il a préféré ne pas évoquer le rôle que peut éventuellement jouer Didier Julia dans de futures négociations. Pour ce dernier, il ne fait aucun doute que les ravisseurs de Florence Aubenas sont les mêmes que ceux de Malbrunot et Chesnot : l'Armée islamique en Irak.