Le poète, l'homme de radio et critique littéraire, Djamel Amrani, est décédé hier à l'âge de 70 ans. L'auteur de Bivouac des certitudes, le Dernier Crépuscule, Vers l'amont, l'Eté dans ta peau..., est parti laissant derrière lui un vide difficile à combler. La perte est terrible à la fois pour la culture algérienne pour qui le défunt était l'un de ses grands ambassadeurs, mais aussi pour la littérature universelle. Le 13 juillet 2004, Djamel Amrani s'est vu décerner la médaille Pablo Neruda - immense et illustre trouvère et progressiste chilien et non moins prix Nobel de littérature en 1971 - en reconnaissance et pour récompenser à la fois son riche parcours littéraire. Né le 19 août 1934 à Sour El Ghozlane, Djamel Amrani est également une figure de la résistance algérienne au côté de Amara Rachid. Lors de la Bataille d'Alger, en 1957, il sera arrêté, torturé dans la villa Susini et incarcéré. Après l'indépendance, le défunt officiera dans le cabinet du président Houari Boumediène, avec Abdelaziz Bouteflika, Medegheri et Chérif Belkacem. Djamel Amrani a été aussi l'un des pionniers des médias algériens en éditant le journal Chaâb avec Salah Louanchi et Serge Michel et un autre intitulé Atlas avec Cheriet Lazhari. En 1966, il résidera en France où il s'essaiera à la production d'une émission maghrébine à la télévision française, l'ORTF. De retour en Algérie, il intégrera l'équipe de la RTA pour des émissions littéraires. Parmi les cautions intellectuelles l'ayant encensé, on peut citer celle de Jean Breton : « Jeté à 20 ans dans la lutte pour l'indépendance de son pays, l'Algérie, Djamel Amrani fait partie de cette génération d'intellectuels de la résistance qui prirent tous les risques, à la fois par la plume et par le fusil. Sa poésie d'alors dénonciatrice des bourreaux qui le torturèrent parlait haut et net pour le drapeau et pour la victoire de façon à être comprise de tous. Le don éclate chez Amrani. Amrani réinvente l'élégie à sa manière, à base de “carpediem”. » Serge Brindeau, dans la revue Sape, saluera le trait cursif de Djamel Amrani : « Un poète algérien en quête des multiples signes du sacré. Il célèbre la terre qu'il étreint, la lumière qui se déploie jusque dans les muscles, le sens nouveau des nuits et des jours. Un poète s'avance. Dans la vasque de ses mains, on peut le voir porter un jardin absolu d'orchidées. Il s'appelle Djamel Amrani. » L'auteur des Chercheurs d'os, Tahar Djaout, n'est pas en reste. En 1982, dans Algérie Actualité, il décrit Djamel Amrani : « De tous les poètes de la Révolution, Djamel Amrani est celui qui a le plus tenu ses promesses. Non seulement il a imposé une heureuse continuité, alors que tant de souffles se sont éteints. Mais il a, à l'image de ces grands poètes que sont par exemple Mohammed Dib et Jean Sénac, exploré de nouvelles voies, mettant à profit d'autres cordes sensibles, une somme de richesses langagières et de trouvailles oniriques... »