L'équipe de Belkhadem fait main basse sur le prochain congrès du FLN. Toutes les voix discordantes seront mises à l'écart et toute tentative de traiter les questions de fond sont vite éliminées des textes à soumettre aux 9es assises du l'ex-parti unique. Tel est le constat avec lequel sont repartis les membres du conseil national du FLN, réunis pendant quatre jours à Alger. Initialement, les militants devaient enrichir les textes du congrès durant le dernier conseil national ; eh bien c'est le contraire qui s'est produit. En tout, six rapports ont été soumis à l'appréciation du conseil national du parti. Cependant, certaines analyses ont subi une « opération chirurgicale », pour reprendre l'expression d'un membre de la commission « message de Novembre ». Cette commission, faut-il le rappeler, a mis à nu le parti. Présidée par le sénateur Abderrezak Bouhara, ladite commission a démontré « un parti traversé par les clivages claniques fondés sur des intérêts matériels ou le sectarisme sous toutes ses formes (…) ». Fort du soutien du vrai chef du parti, Abdelaziz Bouteflika, le secrétaire général du FLN s'est même permis le luxe de dire que « seules les propositions qui auront l'approbation de la direction du parti seront soumises à la base militante et donc au congrès » ; il l'a déclaré lors d'un point de presse tenu avant-hier, à la fin des travaux du conclave de son parti. Il lance ainsi un défi à tous ceux qui s'amuseraient à lui barrer la route. Certains militants parlent déjà d'« un jeu fermé » et d'« un congrès ficelé ». La refondation du parti tant défendu par « un courant » au sein du FLN est une illusion dans un « front réduit à un simple appareil », a soutenu un cadre de ce parti. La réunion des instances du parti, tenue cette semaine, n'est qu'une simple formalité organique. Un cadre de la mouhafada d'Alger a qualifié ce rendez-vous de « pièce théâtrale dans un salon feutré. Pas de débat démocratique, absence d'idées novatrices, point de prospectives. Tous les espaces sont verrouillés ». Trop de bruit, point d'idées. Les contestataires au sein de cette formation politique « majoritaire » dans les institutions sont nombreux, sauf qu'ils n'osent pas franchir une ligne qui risquerait de les mettre hors circuit. En coulisses, ils n'hésitent pas à descendre en flammes l'actuelle direction et la ligne politique qu'elle a imprimée au parti. Par ailleurs, le groupe des militants qui avaient choisi de s'opposer ouvertement à l'actuelle équipe, issue du « congrès des redresseurs », en février 2005, observe de près ce qui se trame à l'intérieur du parti. Ils sont en embuscade, guettant le moindre faux pas de Belkhadem pour revenir sur le devant de la scène. Azzi Ben Tabet, élément actif de cette équipe que mène l'ancien chef du groupe parlementaire Abbas Mikhalif, a estimé que le parti est en train de vivre « un malaise profond ». Et d'ajouter : « Il est gangrené par une bande d'arrivistes qui a pris en otage le parti, ils se servent de l'appareil pour s'enrichir matériellement, comme le montre et de manière vulgaire la préparation du renouvellement du Sénat. Des candidats du parti qui achètent leur candidature à coups de million de dinars. Cela montre à quel point les institutions de l'Etat sont dévalorisées. » Azzi Ben Tabet, qui fait porter le chapeau de cette « dérive » à l'actuel SG du parti, Abdelaziz Belkhadem, prédit un échec cuisant à l'occasion du renouvellement partiel des membres du Conseil de la nation. « Le parti part à cette élection avec plusieurs candidats dans chaque wilaya et les voix des élus FLN seront dispersées. D'autant plus que la direction du parti a imposé des candidats qui ne font pas consensus au sein des élus. » Pour lui, il s'agit d'une autre étape qui « précipite vers le déclin ». En somme, le congré national de l'ex-parti unique qui se tiendra vers la fin du mois de mars 2010 sera un rendez-vous très ordinaire, contrairement à ce qu'a dit Belkhadem. Un congrès sans enjeu et qui va consacrer le statu quo, à l'image du reste de la vie politique nationale de manière générale.