Le gouvernement doit donner la priorité à la maîtrise de l'évolution des dépenses publiques qui reste tributaire des recettes pétrolières, recommande le Conseil national économique et social (CNES) qui a rendu public jeudi dernier son rapport sur l'état économique et social de la nation. Le CNES estime que dans le contexte actuel de sortie de crise mais où de nombreuses incertitudes subsistent, « l'Etat devrait restituer au marché la responsabilité de financer en partie des investissements en contexte de rareté des ressources publiques nécessaires ». Le CNES signifie ainsi que le temps d'une politique budgétaire expansionniste est révolu et l'Etat ne doit plus supporter seul le poids des investissements comme c'est le cas actuellement. « La priorité est donc de savoir maîtriser l'évolution des dépenses publiques pour la période à venir tout en anticipant l'impact du niveau des prix du pétrole sur l'activité économique et le climat social », préconise cet organisme consultatif. Le CNES rappelle qu'en 2008, l'équilibre budgétaire a été maintenu soutenu par des prix du pétrole record et ce, malgré la forte expansion des dépenses de fonctionnement et d'équipement. L'année 2009 s'annonce moins reluisante puisque le déficit budgétaire de l'Algérie se creuse et pourrait atteindre 8,4% du PIB en 2009 contre un surplus de 8,1% du PIB en 2008, selon les prévisions du Fonds monétaire international (FMI) qui a imputé cette contre-performance à la chute des recettes des hydrocarbures, à laquelle s'ajoute un niveau de dépenses élevé. Les experts du CNES rejoignent ce constat en soulignant que « le creusement sans cesse croissant du déficit budgétaire hors hydrocarbures renseigne sur l'impératif pressant de soutenir la croissance hors hydrocarbures et de développer une diversification de l'économie pour améliorer l'emploi ». Et d'ajouter : « Cela milite en faveur d'une politique, du moins sur une échéance à court terme. » S'agissant de la situation monétaire et de l'intermédiation bancaire, le CNES relève que l'incertitude liée aux crédits non performants, plus communément appelées créances douteuses, « demeure forte bien que son évolution tend à s'estomper, notamment depuis 2007 ». La même source insiste sur cette question dans son rapport où l'on peut lire que « cette préoccupation est d'autant plus légitime avec l'effort des banques privées qui semble prendre de l'ampleur au regard de leur part des dépôts dans le marché des ressources qui passe de 6,9% en 2007 à 7,8% en 2008 ». Le CNES recommande d'améliorer le taux de transformation bancaire qu'il juge au-dessous de la norme exigée afin d'avoir un meilleur niveau d'intermédiation bancaire. Par ailleurs, l'institution, présidée par Mohamed Esseghir Babès, a révélé, en citant le ministère de l'Industrie et de la Promotion des investissements, qu'entre 2003 et 2008, 458 entreprises publiques économiques (EPE) ont été privatisées dont 85 ont fait l'objet d'une ouverture du capital à la participation privée et étrangère. Le CNES note encore que « l'industrie tant publique que privée reste (…) frappée par une récession sévère malgré les soutiens successifs consentis par l'Etat qui a gelé les découverts bancaires tout en prenant en charge les salaires des travailleurs des EPE en difficulté en y consacrant près de 132 milliards de dinars de 2001 à 2008 ». Pour ce qui est du secteur de l'agriculture, le rapport fera ressortir « la persistance des pesanteurs et de dysfonctionnements dans le mode d'organisation et de gestion de l'activité agricole ». Aussi, il plaide pour un réajustement structurel approprié pour asseoir et soutenir la croissance de ce secteur.