Jusqu'où iront les prix ? C'est la question que tout le monde se pose et qui est, ces derniers jours, au centre de toutes les préoccupations. « C'est du jamais vu », nous dit une dame, ulcérée par ces pratiques, installées, au fil des jours, dans les moeurs. Et le même désespoir est exprimé par d'autres personnes ayant fait le tour de plusieurs marchés pour ensuite rentrer bredouilles. Les prix des fruits et légumes continuent leur irrésistible ascension. Tant et si bien, que la plupart des marchée de la wilaya se sont transformés en véritable zone interdite pour les petites bourses. A un moment donné, pourtant, l'on a naïvement pensé à un phénomène passager, circonscrit au seul mois de Ramadhan et aux fêtes de l'Aïd. Malheureusement, la situation ne s'est pas améliorée, et les prix sont toujours prohibitifs. Le désormais facteur de l'offre et de la demande qui régule les prix a fini d'achever, chez le citoyen, le mince espoir qu'il nourrissait de voir l'Etat intervenir pour le défendre contre les fourches pointues des spéculateurs et autres charognards. La règle à présent est celle du « achète ou crève », et tout le reste n'est que « littérature ». Il appartient alors au consommateur de prendre lui-même en charge sa propre protection, en l'absence définitive des contrôleurs de prix, qui ne sont plus, depuis longtemps, concernés par ce « sacrifice » collectif imposé au pauvre citoyen. « Dites-leur que les gens en ont marre et qu'il n'en peuvent plus », lancera un retraité assis à même le sol devant un marchand de légumes. Désormais, il ne reste aux pauvres qu'à recourir, par exemple, à la grève du panier, une expérience qui n'a hélas jamais été tentée, mais qui pourrait peut-être s'avérer efficace. Mais, où sont-ils ces citoyens conscients et consciencieux pour faire cette grève ? Il ne suffit pas de se plaindre pour infléchir les prix, lesquels sont devenus inabordables pour le consommateur, il faut une action concertée et surtout appuyée par tout le monde. Et malheureusement, sur ce point, il semble qu'il y ait pénurie de gens capables de l'entreprendre en donnant l'exemple. A Sétif, beaucoup de gens se sont donné le mot pour ne pas acheter, dérogeant ainsi à l'ordre établi, aussi cynique soit-il. Cependant, d'un côté on dénonce les prix pratiqués, et de l'autre on consomme sans discontinuer, une manière d'encourager ces vautours à sucer le sang du citoyen. Cette situation a de beaux jours devant elle. Les commerçants non plus n'ont pas jugé utile de faire quoi que ce soit pour baisser les prix. Incapables de soutenir ce rythme endiablé, les démunis, quant à eux, se mettent, du jour au lendemain, à regretter la soupe populaire offerte durant le mois de Ramadhan.