Ni paix ni réconciliation ». Placardé dans les rues, en Haute Kabylie, au lendemain du vote de la nouvelle loi d'amnistie, ce slogan résume la politique guerrière « jusqu'au-boutiste » des groupes terroristes armés qui activent dans la wilaya de Tizi Ouzou. Cinq années après le référendum du 29 septembre 2005, le GSPC rebaptisé Al Qaîda au Maghreb islamique n'est pas prêt à renoncer au « djihad » dans la région. Annoncés comme laminés, les maquis se ressourcent, contredisant sur le terrain l'accalmie prêchée par le discours officiel. Une lecture des attentats perpétrés dans la wilaya ces derniers mois renseigne sur la régénération des capacités de nuisance et de frappe de la branche locale de l'organisation de Droukdel. En dépit des coups assénés par les services de sécurité et l'armée aux irréductibles du GSPC, force est de constater que la paix promise n'est pas pour demain. Le dernier attentat remonte au 27 décembre lorsqu'une bombe de fabrication artisanale a explosé, sans faire de victimes, sur la route menant vers le village Taboudoucht, dans la commune d'Aghribs. Vendredi dernier, vers 13h, un militaire a été tué, pratiquement au même endroit, suite à l'explosion d'une autre bombe. Enfoui sous terre, l'engin explosif, de fabrication artisanale, a été actionné à distance au passage d'un convoi militaire. La déflagration a fait, également, deux blessés parmi les citoyens qui empruntaient ce chemin. Dans la journée de jeudi, les forces de sécurité ont réussi à désamorcer deux bombes de fabrication artisanale à Yakouren, à 50 km à l'est de Tizi Ouzou. Les engins explosifs ont été désamorcés par les artificiers de l'armée qui est en opération de ratissage depuis plusieurs mois dans la région. Depuis quelque temps, l'axe Yakouren-Aghrib-Azeffoun connaît une recrudescence d'actes terroristes ciblant particulièrement les convois militaires. L'attentat à l'explosif est le procédé le plus employé par les assaillants. Le versant sud de la wilaya comprenant, entre autres, les localités de Tizi Gheniff, Ouadhias, Beggaz et Boumehni, dans la région de Draâ El Mizan est également soumis au diktat des groupes du GSPC qui se manifestent régulièrement, notamment par des faux barrages où des citoyens sont fréquemment rackettés. Cela explique que les terroristes seraient en manque d'argent puisque ces actions visent à renflouer leurs caisses. D'autre part, les rapts de commerçants et d'industriels sont mis à profit pour ramasser des sommes colossales estimées à des milliards de centimes. Une quarantaine de personnes ont été enlevées dans la wilaya depuis l'apparition de ce phénomène et libérées contre payement de rançons allant de quelques centaines de millions de centimes à des milliards. Dans leur sale besogne, les terroristes n'hésitent pas à recourir au « recrutement » de brigands qui leur fournissent des renseignements sur les déplacements des victimes, leur fortune... Le 43e kidnapping dans la wilaya, depuis 2006, a eu lieu le 7 décembre dernier dans la région des Ouacifs. La victime, gérant d'une station-service, a été surprise, vers 21h, alors qu'elle se rendait à son domicile, à mi-chemin entre Aït Toudert et les Ouacifs. Le commerçant, âgé d'une quarantaine d'années, sera libéré après quelques heures seulement de séquestration, contre paiement d'une rançon. En octobre dernier, dans la même région, un autre commerçant avait échappé à une tentative d'enlèvement. Début novembre de l'année en cours, le gérant d'un restaurant avait été kidnappé dans la commune d'Iflissen (Tighzirt). L'otage a été libéré sans payement de la somme exigée, suite à la mobilisation de la population de la localité. Enfin, en dépit du redéploiement des forces de sécurité, la région demeure toujours en proie à des actes terroristes signalés pratiquement chaque semaine à travers la wilaya.