C'est une campagne marathon qu'a menée le chef de l'Etat pour expliquer son projet. Pas d'amnistie générale, encore moins fiscale, pas de retour de l'ex-FIS sur la scène politique et pas d'officialisation de tamazight. Tels sont les principaux thèmes développés par le Chef de l'Etat au cours de sa campagne référendaire sur la charte pour la paix et la réconciliation nationale l'ayant conduit à sillonner plus d'une vingtaine de wilayas. C'est une campagne marathon qu'a menée le chef de l'Etat au cours de laquelle il a défendu bec et ongles son projet. Une campagne ayant nécessité une enveloppe budgétaire de près de 300 milliards de centimes. Un projet devant avaliser le retour à la paix après plus d'une décennie de terrorisme ayant fait plus de 150 000 morts et 30 milliards de dollars de dégâts matériels. Ce projet que l'opposition rejette se veut avant tout une solution politique en offrant le pardon «à ceux qui se sont trompés de chemin», a insisté le chef de l'Etat. En approuvant la charte, le peuple donnerait au président Abdelaziz Bouteflika tous les pouvoirs pour décréter de larges mesures de grâce devant ramener la paix dans le pays. Aussi, le président de la République qui a dévoilé le 14 août dernier les grandes lignes de son projet à partir du Palais des nations devant les hauts cadres de l'Etat, n'a pas dérogé à la règle, préférant conduire personnellement sa campagne pour le référendum d'aujourd'hui. Il a compris que c'était essentiel d'aller au-devant de la population la plus reculée pour lui expliquer directement les tenants et les aboutissants de ce projet. D'ailleurs, plusieurs thèmes ont été développés. A Skikda, Sétif et Béchar, premières étapes, le président n'a cessé de répéter que la réconciliation nationale ne signifie nullement amnistie générale. «Ni les harkis, ni les pieds-noirs, ni les terroristes impliqués dans des crimes de sang ne seront exonérés de leurs crimes», a-t-il déclaré à partir de Sétif. Afin de barrer la route aux spéculations, il a tenu à assurer, de prime abord, et sans équivoque «que les choses soient claires. Il n'y aura pas d'amnistie générale». A ceux qui veulent faire de la réconciliation «un fonds de commerce», il balaie d'un revers de main le recours à l'amnistie fiscale: «Moi je parle de paix et eux parlent d'amnistie fiscale. Moi je suis contre l'amnistie fiscale.» D'ailleurs, c'est à partir de Chlef que le chef de l'Etat a réaffirmé qu'il n' a signé aucun accord. «Je n'ai contracté de deal avec aucune partie dans le cadre de la réconciliation nationale. Je dis au peuple qu'il n'y a ni accord préalable ni piège, mais seulement un projet qui aspire au retour progressif de la paix en Algérie.» Avant d'ajouter: «S'il était dans mon intention de tromper le peuple, j'aurais proposé directement l'amnistie générale». En fait le président s'est montré, à l'occasion de ses multiples sorties sur le terrain, intransigeant quant au retour sur la scène politique des responsables de la tragédie faisant ainsi allusion aux membres de l'ex-FIS. Sans équivoque il a lancé: «La réconciliation nationale ne veut en aucun cas dire le retour à la situation qui a précédé cette crise.» Il a invité, dans ce sens, le peuple à barrer la route à tous ceux qui ont utilisé la religion à des fins politiques pour leurs propres ambitions et qui continuent de le faire aujourd'hui. «La réconciliation n'est pas synonyme d'impunité, et l'amnistie ne sera point un moyen pour blanchir les protagonistes de cette crise», a-t-il souligné à maintes reprises. Quant à son refus d'officialiser tamazight le président tout en reconnaissant que le peuple algérien est amazigh dans sa globalité, considère néanmoins qu'aucun pays au monde ne possède deux langues officielles. Dans un élan de sincérité, le chef de l'Etat n'a pas hésité à reconnaître l'existence de certains cercles au sein du pouvoir qui sont contre la réconciliation nationale. Il a néanmoins laissé entendre qu'«il est impossible de mettre sur un pied d'égalité les gens qui ont utilisé la violence pour sauver l'Algérie et ceux qui l'ont fait pour détruire ce pays». Un message qui semble plus destiné à calmer les esprits et à rassurer les plus réticents au sein du pouvoir. Mais aussi au sein des éléments armés par l'Etat et qui ont pris part à la lutte antiterroriste aux côtés de l'ANP, lesquels ont été la cible d'une campagne féroce aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. Reconnaissant qu'il n'y aura pas d'unanimisme autour du projet, le chef de l'Etat a estimé à partir de Blida où il a pris part au coup d'envoi de la rentrée scolaire 2005-2006, que l'option du boycott total prôné par certains partis hostiles ne peut que compliquer une situation dont le peuple a déjà beaucoup souffert. Dans sa plaidoirie, le président a également accusé la mouvance démocratique d'avoir aggravé la situation durant les années de résistance aux islamistes armés. «Les démocrates qui sont tombés dans le piège et qui ont combattu la violence, ont allumé le feu de la violence et ils ont ajouté de l'huile sur le feu», a accusé M.Bouteflika, qui a mis «ces comportements» sur le dos de «la démocratie anarchique» qui a régné, selon lui, durant les années 90, au lendemain de l'ouverture politique. «C'est cette démocratie anarchique qui a créé des conditions ayant permis à certaines personnes de prendre les armes, de verser dans la violence au nom de l'islam».