Les familles Bordjiennes ont pris chaque année, l'habitude d'attendre avec impatience cette fête populaire qui se caractérise par une sortie en plein air, en un vaste mouvement de foule, haut en couleur de la région, durant la journée du premier jour du printemps. Les familles se rencontrent dans les prés, les forêts, la montagne, pour improviser des pique-niques, organiser des jeux et, surtout, se rouler dans l'herbe «Aglilez tefsut» à la gloire des déesses de la nature, fort nombreuses dans la cosmogonie berbère ! Les enfants, paniers emplis de bonbons, œufs, orange, Lambardja, Sfendj sont les premiers à s'impatienter pour sorti. Avant le jour J, les familles préparent, pour la circonstance, des plats et des gâteaux connus dans la région, et avec des ingrédients naturels: la semoule de blé ou d'orge, du miel, du beurre, des œufs, des légumes frais et la datte écrasée. Parmi ces plats figure Lambardja. Préparé à base de semoule fourrée à la datte pressée, ce gâteau est l'espace de plusieurs jours le principal accompagnateur de café dans la région. L'autre plat est Zeraïga, galette émiettée et baignant dans le beurre, ou encore la galette au jaune d'œuf mangé dans la soirée, du retour de la sortie. Augure du printemps, rite agraire, ou tradition paysanne séculaire, quelque soient l'approche anthropologique et les avis historiques le concernant, «Chaw Rabie» reste surtout une sorte de manifestation populaire festive propice aux Bordjiens pour marquer le passage des saisons et accueillir le printemps par des sorties champêtres assorties de joie, de banquets et de rencontres familiales.