Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) exprime «sa plus vive préoccupation face à la reconduction de la confiscation de la souveraineté du peuple» à l'occasion de la prochaine présidentielle. «Ce rendez-vous constitutionnel donne lieu à des règlements de comptes entre factions, toutes mues par le contrôle de la rente et la perpétuation du système des privilèges», explique le parti dans un communiqué rendu public, vendredi, à l'issue de la réunion de son secrétariat national. A cet effet, la direction du RCD appelle au discernement et invite les citoyens, selon la même source, à la vigilance dans une séquence politique où des provocations et une désinformation propagandiste tentent de remonter le temps «pour relancer un régime condamné par son bilan et l'évolution des mœurs politiques». La formation que préside Mohcine Belabbas dresse, dans son communiqué, un tableau général de la situation économique et politique qui prévaut dans le pays à la veille de ce rendez-vous. Une situation caractérisée, selon la même source, par «un bilan économique désastreux» et un «bilan politique d'un règne de 20 ans sans partage qui replonge le pays dans l'impasse». «On mesure alors le degré d'irresponsabilité du pouvoir réel dans la volonté de maintenir un statu quo qui a déjà ébranlé, saigné et miné le pays. Devant l'état de délabrement des institutions du pays, la dévastation des corps politiques et la destruction des espaces d'intermédiation, l'organisation d'une présidentielle avec ses lièvres et son bourrage systématique des urnes ne suffit plus à assurer la reconduction du système politique. Ce sinistre scénario est désormais clair», analyse le RCD. Et d'ajouter : «Il faut anesthésier les vitalités qui demeurent actives dans le tissu social et exclure violemment le peuple de la consultation. Emprisonnements arbitraires, viols répétés de la Constitution et des lois en vigueur, instrumentalisation éhontée de l'appareil judiciaire tendent à devenir la règle face à des citoyens révoltés et médusés devant tant de hogra, de cynisme et de désinvolture désormais vécues comme autant de provocations.» Diversion Rappelant toutes les tentatives de priver les Algériens d'un débat sur les programmes, la direction du RCD parle de «diversion visant à organiser une élection en vase clos, avec ou sans la reconduction de Bouteflika». Selon la même source, «les réactions sélectives du chef de l'état-major de l'Armée nationale populaire ne travaillent pas à rassurer les citoyens sur la neutralité de l'armée vis-à-vis de tous les acteurs politiques». Et de préciser : «La tradition, toute algérienne, d'interpeller le commandement de l'armée dans des situations d'impasse ou de crise est le produit de notre histoire bloquée. Rompre avec ce syndrome de Stockholm c'est d'abord laisser le soin au pouvoir exécutif de se charger de ces sollicitations s'il le juge nécessaire.» Pour le RCD, la dernière sortie du chef d'état-major «indique tout sauf une attitude de neutralité républicaine». «Autant l'interpellation adressée à un officier supérieur à la retraite surprend par sa célérité et sa fermeté, autant le silence qui a accompagné un autre officier proche du cercle présidentiel interpelle», souligne le RCD, précisant que l'ANP peine, depuis l'épisode de 2004, à donner crédit à ses déclarations récurrentes promettant sa neutralité dans les compétitions politiques.