Sous un froid sibérien, les retraités forment une queue qui n'en finit plus devant la BADR, dans ce quartier appelé le Château d'eau. Ce sont tous d'anciens émigrés qui se souviennent et parlent du système de paiement des pensions mis en place par les caisses d'assurance françaises pour les retraités. La convention que la BADR a passé avec la Cram, en France, et le groupe Malkaf pour la pension complémentaire fait que cette banque se charge chaque fin de mois du versement des pensions pour plus de 1400 retraités. D'où les interminables attentes qui s'organisent dès le matin devant l'unique guichet de la BADR. « Nous sommes là depuis 4 h, raconte Abdellah, un retraité. Je me suis présenté ici jeudi. Mais comme j'arrivais devant la porte, on fermait. » Ce n'est pas sûr qu'il soit passé hier et peut-être même aujourd'hui, car ils étaient plus de 100 à ronger leur frein le long de la façade de la banque. Certains affirment qu'ils sont là depuis mercredi. La lenteur avec laquelle on avance est exaspérante et tous ne sont pas sûrs qu'ils seront payés ce jour-là et se demandent s'ils ne seront pas obligés de recommencer à attendre leur tour pour passer. Cette attente, selon ceux que nous avons interrogés, n'est pas du goût de certains voisins. L'un des retraités n'a-t-il pas reçu un seau d'eau sur la tête par ce froid incisif, selon plusieurs retraités ? Tous ne semblent pas contents d'avoir ouvert un compte ici et souffrent de l'attente qu'implique ce qui n'est dans un autre pays qu'une simple formalité demandant un minimum de temps pour être exécutée. Le samedi étant une journée où la BADR est ouverte pour assurer seulement la permanence, nous n'avons pu voir le directeur qui ne travaille par en principe ce jour-là.