Pour certains, surtout les jeunes, ils assistaient pour la première fois à un gala artistique de leur idole. Une longue ovation et des youyous attendaient Aït Menguellet à son entrée sur scène. Comme d'habitude, son orchestre n'était pas pléthorique. Tout ce dont il a besoin, c'est sa guitare, une flûte, un bendir et une derbouka. Mais cette fois, d'autres instruments de musique ont fait leur apparition, tels le synthétiseur, la batterie et la guitare basse. Et le produit final, une musique transcendante, tissée avec la poésie raffinée de Lounis. Une poésie puisée des sources des monts du Djurdjura, mais à message universaliste. Aït Menguellet est le philosophe qui chante l'amour, la bravoure, le combat, l'identité, la tradition, la politique… tout. Une kyrielle de sens et de sensations émergent de ses poèmes des fois insondables. Il use d'une langue facile, mais à sémantique pas du tout accessible. Lors de son spectacle à Boumerdès, il a sillonné tous les genres, allant du romantique à l'engagé en passant toujours par le philosophique qui donne à réfléchir. Les chefs-d'œuvre des années d'or étaient aussi au rendez-vous. Des chansons apprises par cœur par des générations différentes des fans du chantre. C'était le cas avec les chansons : Ettes ettes (Dors, dors), Svar a Louiza (Patience Louiza), (Nos jeunes), et surtout avec la très célèbre chanson El-moussiw. Cette dernière avait l'effet d'une piqûre d'adrénaline sur le public. Dans la poésie d'Aït Menguellet, la femme occupe une place spéciale, toujours mise en avant. Elle symbolise la vie, l'amour, la résistance, etc. Au spectacle de Boumerdès, la gent féminine est venue en force. Les nombreuses femmes ont occupé toutes les places du devant de la scène. Aït Menguellet leur a rendu un hommage spécial, notamment avec la chanson Tamettut (femme). Il a repris aussi quelques titres de son dernier album intitulé Isefra (Les poèmes) paru en 2014. Ainsi, c'était avec la chanson Ageffour (Jour de pluie) ou l'éternel questionnement existentiel. Djaâfar, le fils prodige d'Aït Menguellet, a su combler les minutes de repos de son père lors du gala. Tel père, tel fils, l'ambiance était à son comble. Une soirée inoubliable pour les milliers de personnes venues même des autres wilayas assister au spectacle d'Aît Menguellet. Par ailleurs, les responsables de la culture à Boumerdès continuent dans leur amateurisme. Ils n'avaient même pas pensé à changer la banderole de la scène qui date de l'année dernière célébrant les festivités du 1er Novembre 1954. Pourtant, le budget alloué pour les festivités du mois de Ramadhan s'élève à plus de 400 millions de centimes.