Le plus en vue et le plus inquiétant concerne l'économie chinoise. Selon un indice gouvernemental publié hier, l'activité manufacturière chinoise s'est nettement contractée en août, atteignant son plus bas niveau depuis trois ans, un signal supplémentaire de l'essoufflement persistant de la deuxième économie mondiale. Le fléchissement de la demande a conduit les entreprises manufacturières à réduire leur production encore une fois en août, avec une baisse d'une ampleur pas vue depuis quatre ans, ont expliqué des analystes économiques. Parallèlement, les entreprises «ont sabré leurs effectifs en août, pour le 22e mois consécutif, et le rythme de suppression des emplois s'est encore accéléré», ont-ils noté. La croissance chinoise s'est stabilisée au deuxième trimestre à 7% grâce à des mesures de soutien de Pékin, mais le tableau continue de s'assombrir et les statistiques moroses se succèdent. Les exportations du pays se sont effondrées de quelque 8% sur un an en juillet, tandis que la production industrielle enregistrait un violent ralentissement. La consommation reste terne et la récente débâcle boursière a contribué à plomber le moral des ménages. Les premiers à en pâtir sont les pays voisins de la Chine, avec lesquels les liens commerciaux sont les plus importants : Malaisie, Thaïlande, Indonésie, Japon, Corée du Sud… «Pour ses voisins, la Chine a la même importance que la zone euro pour le Royaume-Uni», rappelle Paul Jackson. A titre indicatif, le Japon et la Corée du Sud envoient respectivement 20% et 25% de leurs exportations en Chine et beaucoup de leurs entreprises y sont installées. Selon les économistes, le deuxième impact du ralentissement de la croissance chinoise se joue sur les matières premières, en ce sens que la Chine est le premier consommateur mondial de métaux industriels (environ 40% de la production mondiale) et le deuxième consommateur de pétrole (10% de la production mondiale). Les signes de ralentissement de la demande chinoise pèsent inévitablement sur les cours. Le cuivre et l'aluminium ont atteint leurs plus bas en 6 ans, de même que le prix du pétrole. Des chutes de prix qui pénalisent les pays émergents exportateurs : Australie, pays d'Amérique latine pour les minerais, pays de l'OPEP et Malaisie pour le pétrole. Hier, la directrice du FMI, Christine Lagarde, a particulièrement mis en garde sur la fragilité de certains pays émergents, comme l'Indonésie ou le Brésil, qui pourraient davantage souffrir d'un effet de contagion induit par l'essoufflement de la dynamique en Chine. Toutefois, Mme Lagarde a estimé que le ralentissement de la croissance chinoise n'est pas de prime abord inquiétant, n'est pas jugé violent ni surprenant dès lors qu'il est le résultat d'ajustements apportés au modèle de développement du pays.