Le président Bouteflika a saisi l'occasion de la célébration du 8 mars, Journée internationale de la femme, pour annoncer une série de mesures destinées à améliorer la condition de la femme. Lors de son discours prononcé lundi à El Aurassi devant de nombreuses représentantes d'associations féminines et du monde de la culture, le chef de l'Etat a parlé de l'installation officielle du Conseil national de la femme, prévu par le décret exécutif promulgué en 1997. Abdelaziz Bouteflika a indiqué, en outre, qu'un projet de loi relatif à la sauvegarde de l'enfance, venant en complément à l'arsenal déjà existant dans le domaine des droits de l'homme, était en préparation au niveau du gouvernement. La mise en chantier d'un tel projet de loi est expliquée par le chef de l'Etat en invoquant le fait qu'il existe une relation dialectique entre les droits de la femme et de l'enfant. Le premier magistrat du pays a aussi promis la ratification du protocole africain additionnel relatif aux droits de la femme, signé par l'Algérie lors du sommet de l'UA à Maputo en juillet 2003. Au chapitre du code de la famille, le président de la République a rendu un hommage appuyé aux membres de la commission qui se sont penchés sur la révision de la loi régissant les rapports familiaux datant de 1984. A propos des amendements apportés, il a expliqué que ces changements permettront à la société algérienne de franchir un pas important. « La femme a aujourd'hui les mêmes droits que l'homme. Je crois même qu'elle a dépassé l'homme au point où ce dernier revendique les mêmes droits », dira-t-il sur le ton de l'humour. Mais apparu quelque peu irrité et agacé par le souhait de voir l'Etat faire encore un effort pour faciliter aux femmes l'accès aux postes de responsabilité émis par Mme Drif, M. Bouteflika reconnaîtra tout de même qu'il n'y a pas assez de femmes au gouvernement. Il expliquera néanmoins cet état de fait par la rareté de femmes capables d'assumer de hautes responsabilités. Le chef de l'Etat a jugé par ailleurs les propos de Mme Drif peu politiques. « Si vous étiez une vraie politicienne, vous n'auriez pas fait cette suggestion. Soyez patiente et ne demandez pas mille choses à la fois », a-t-il lancé. Et d'ajouter que s'il n'y a pas assez de femmes au gouvernement, c'est parce qu'il n'existe pas de femmes qui ont des profils de ministres. A l'occasion, le chef de l'Etat a tenu à rendre un vibrant hommage à Louisa Hanoune, la porte-parole du PT. Une femme qui, selon lui, représente un modèle à suivre pour les Algériennes. « S'il existait en Algérie 20 femmes comme Louisa Hanoune, je composerais aisément un gouvernement à majorité de femmes. Mais il faut savoir que la politique est un don. C'est comme le dessin ou la musique. Ce n'est pas donné à tout le monde de faire de la politique », a soutenu le président de la République. Comme pour pousser à une mobilisation intelligente des femmes, M. Bouteflika ajoutera : « Nous attendons énormément de la femme. Nous espérons qu'elle changera la société, qu'elle mènera une action calme qui révolutionnera notre quotidien. Nous avons ras le bol des femmes qui versent uniquement des larmes de lamentation. » A signaler que le chef de l'Etat n'a pas omis, dans son discours, de rendre hommage aux Algériennes qui ont payé un lourd tribut durant la période du terrorisme. « Certaines femmes ont été assassinées par le terrorisme parce qu'elles étaient, tout simplement, en faveur d'une Algérie digne et resplendissante. Leur crime, c'est d'avoir été dans les rangs des défenseurs des grandes valeurs civilisationnelles de l'Algérie, ancrées dans son histoire et tournées vers la modernité », indiquera-t-il. A ce propos, il s'est montré rassuré de voir que l'Algérie s'est remise de ses maux grâce aux sacrifices et à la résistance de ses filles et de ses fils. Revenant sur le code de la famille, M. Bouteflika dira : « La réflexion sérieuse, loin de toute surenchère, et la reconnaissance des mutations survenues dans notre société et à travers le monde nous imposent une adaptation à notre époque. » Une adaptation qui passe, de son avis, par une lecture objective des lois régissant les relations entre l'homme et la femme afin de consacrer l'égalité des droits et devoirs dans le respect des enseignements de notre religion et l'attachement à l'acquis garanti par la Constitution qui est la non-discrimination entre l'homme et la femme.