L'Autorité de régulation de l'audiovisuel (ARAV) vient de mettre en garde, à nouveau, les chaînes de télévision privées contre les dépassements et la transgression des lois régissant le champ audiovisuel. Dans un communiqué répercuté par l'agence officielle APS, le énième du genre, l'ARAV somme «les dirigeants et encadreurs du secteur à observer les lois et règles d'éthique le régissant». «La diversité du champ audiovisuel doit constituer un atout pour mettre en valeur la nature de la société algérienne, mais pas un moyen pour impacter négativement les aspects sécuritaire, politique et socioéconomique du pays», a souligné l'ARAV, qui prévient contre les conséquences du maintien des «programmes anarchiques». Cette instance, qui vient de se séparer de son président Miloud Chorfi, nommé hier sénateur du tiers présidentiel, estime que «le champ audiovisuel est marqué par l'émergence massive de chaînes de télévision, bien que constituant une plus-value dans moult domaines et divers aspects du quotidien du citoyen» ; mais elle regrette que «ces chaînes se caractérisent par des grilles de programmes anarchiques», truffés de «fautes et défaillances dans la forme et le fond». L'ARAV, qui admet qu'il y a un problème de manque d'expérience, considère que «la diffusion à grande échelle d'émissions de proximité à caractère social et politique, laisse entrevoir un mépris flagrant des règles de déontologie professionnelle et des règles d'usage dans le domaine de l'audiovisuel». Toujours vague dans ses mises en garde, ses remarques et ses avertissements, l'ARAV estime que «plusieurs chaînes se sont transformées en tribunes de l'invective et de la diffamation pour des raisons qui, souvent, ne servent ni le citoyen ni la République mais profitent à des cercles réduits et des intérêts personnels». Des chaînes que cette instance ne cite bien entendu pas. «Les lois sont claires et précises, d'autant que de telles pratiques sont étrangères à nos us et à nos valeurs ancestrales», prévient l'ARAV, qui parle ainsi de «comportements qui favorisent la violence, sèment la discorde et déstabilisent notre société et notre pays». L'ARAV avertit ainsi les responsables de ces chaînes en leur rappelant la nécessité de respecter le public, les lois de la République et les règles de déontologie professionnelle en vigueur dans le monde. «La liberté n'est pas synonyme de transgression des lois et des us ; la liberté implique l'observation des lois de la République qui ont favorisé l'évolution du champ médiatique dans notre pays», soutient cette instance, qui fait état de l'obligation faite à ces chaînes d'«assumer leur responsabilité dans ce qu'elles diffusent et publient et s'en tenir à leur conscience professionnelle, dans le respect de l'éthique professionnelle et des institutions de la République». «Les dépassements enregistrés relèvent d'une transgression flagrante des règles de déontologie et tombent sous le coup des lois sur l'information et de l'audiovisuel», insiste l'ARAV, qui brandit la menace de lourdes sanctions pouvant aller jusqu'à la fermeture en cas de «persistance de telles défaillances et pratiques irresponsables». L'ARAV a déjà sanctionné une chaîne de télévision en fermant ses bureaux à Alger à cause de la diffusion d'un entretien de l'ex-émir de l'AIS, Madani Mezrag, et a obligé une autre chaîne à supprimer de sa grille de programmes une émission satirique. Mais d'autres télévisions dites proches des cercles de décision demeurent intouchables, malgré leurs grilles de programmes qui sont loin des règles de l'éthique et de la déontologie recommandée par l'ARAV.