«Nous allons tenir cette réunion de concertation pour apporter collectivement des réponses à la situation qui prévaut dans le secteur et demander la révision des tarifs, notamment de l'assurance Responsabilité civile (RC), pratiqués dans la branche automobile», nous a indiqué, hier, Hassan Khelifati, premier vice-président de l'Union algérienne des sociétés d'assurance et de réassurance (UAR) et président-directeur général de la compagnie privée Alliance Assurances. Afin de déterminer avec exactitude les différents taux des augmentations prévues, une étude a été commandée au doyen de la faculté des mathématiques à l'USTHB de Bab Ezzouar. «L'étude a déjà été entamée et un premier jet nous a été proposé, mais l'association attend plus de précisions pour être fixée sur la demande qu'elle présentera au ministère», explique M. Khelifati. Pour lui, la révision des tarifs des assurances est aujourd'hui inévitable, particulièrement pour la branche automobile jugée «fortement sinistrée». «L'équilibre financier des compagnies d'assurances est fortement sollicité sur cette branche et la situation n'est plus tenable, même à court terme», souligne encore le vice-président de l'UAR. Et de rappeler que, durant les dix dernières années, la croissance du secteur des assurances «a été tirée essentiellement par les projets d'investissement étatiques et de réalisation d'infrastructures lancés dans le cadre des différents programmes de développement, mais aussi par le marché automobile». En plus du gel, décidé par les pouvoirs publics, de beaucoup de projets dont la réalisation ne peut plus être supportée par le budget de l'Etat, le marché de l'automobile, soumis à une nouvelle réglementation, n'est plus en mesure d'alimenter les caisses des compagnies d'assurances. Le volume des importations de véhicules, passant de 600 000 unités en 2012 à 450 000 en 2014, puis à 300 000 en 2015, devrait se limiter à 152 000 unités seulement en 2016, en raison de l'instauration d'une licence d'importation imposée à tous les concessionnaires automobiles. «C'est pratiquement les deux tiers du volume qui vont disparaître du marché, soit une perte de 12 à 15 milliards de dinars du chiffre d'affaires du secteur des assurances, dont le taux de croissance va énormément baisser», explique M. Khelifati. L'impact de cette «crise» que traverse le secteur est aussi ressenti, dépréciation du dinar oblige, à travers la hausse des prix de la pièce de rechange, estimée de 30 à 40%. «Les remboursements des sinistres sont devenus plus onéreux, dans un contexte où les compagnies d'assurances n'ont pas la latitude d'augmenter les tarifs des polices, étant réglementés par le ministère des Finances», fait remarquer le responsable de l'UAR. Cependant, les inquiétudes exprimées par les compagnies d'assurances ne semblent pas être partagées par l'ensemble des intervenants du secteur. Pour le Conseil national des assurances (CNA), organe consultatif sous tutelle du ministère des Finances, la situation n'est pas aussi alarmante qu'elle ne paraît. «A notre niveau, nous ne voyons pas la chose de la même manière. Il n'y a pas véritablement de crise de la branche automobile. Il y a un environnement qui a impacté le secteur et l'évolution de la branche automobile. Certes, il y a eu une baisse des importations et moins d'immatriculations en 2015, mais sur les neuf premiers mois de 2015, l'assurance automobile a tout de même enregistré une hausse du chiffre d'affaires de près de 3%», affirme le secrétaire général du CNA, Abdelhakim Benbouabdallah. Selon lui, les compagnies d'assurances s'inquiètent beaucoup plus de «la rentabilité par rapport à l'augmentation des sinistres payés». Et d'avouer néanmoins que «si cette stagnation continue, la branche automobile risquera de devenir une branche assez difficile à gérer».