Les assurances algériennes sont de plus en plus dépendantes de la branche automobile, dont la part de marché frise désormais les 60% ! L'activité du secteur est plombée par les assurances de personnes, récemment filialisées, dont le chiffre d'affaires est en chute libre. Le secteur algérien des assurances serait-il en train de devenir “mono producteur"? La diversification de son activité, attendue depuis de nombreuses années et synonyme de marché plus mature (voir encadré), n'est pas au rendez-vous. C'est même le processus inverse qu'on observe, trimestre après trimestre, au cours des dernières années. L'assurance auto reste plus que jamais la mamelle du secteur. Le Conseil national des assurances (CNA) annonçait, voici quelques jours, un chiffre d'affaires de 24,8 milliards de dinars au premier trimestre 2012. La croissance enregistrée sur les 3 premiers mois de l'année ne dépasse pas 2,7%. Un résultat fort modeste causé essentiellement par la régression brutale du chiffre d'affaires des assurances de personnes. Les assurances dommages, au contraire, connaissent une croissance plus soutenue et estimée à 8% par le CNA. Au sein de ces dernières, l'assurance automobile continue d'être le moteur de l'activité du secteur avec un chiffre d'affaires en hausse de plus de 9 % et une part de marché qui atteint désormais le niveau historique de 60%. Le principal pilier de l'activité des compagnies publiques comme privées est donc plus que jamais constitué par la branche automobile. Une position confortée, comme l'indique le CNA, par la croissance rapide “d'un parc automobile de plus en plus jeune, incitant à la souscription aux garanties dommages, et qui s'est réalisée malgré la suppression des crédits à la consommation intervenue en septembre 2009." La croissance du parc n'est cependant pas seule en cause, et la branche est aussi caractérisée par la diversification des produits proposés à la clientèle et la souscription de garanties facultatives qui représentent désormais un peu plus de 80% de la production de la branche auto. Assurance auto : la fin de la guerre des tarifs ? Tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes de l'assurance auto si différents acteurs ne signalaient de longue date la persistance, voire même le développement dans la période récente, des déséquilibres et des pratiques plus ou moins déloyales qui ont caractérisé cette branche au cours des dernières années. Au chapitre des déséquilibres financiers tout d'abord, le président de l'Union des assureurs et des réassureurs (UAR), Amara Latrous, affirme que “chaque fois qu'une compagnie d'assurance encaisse 100 dinars de prime sur la responsabilité civile obligatoire, elle paye 237 dinars de sinistres." 80 % des 36 milliards de dinars de règlement de sinistres effectués en 2011 ont été versés au titre de la branche automobile. Le maillon faible dans la profitabilité de l'activité en 2011 malgré la décision prise il y a 3 ans de majorer de 20% les tarifs, fixés par l'Etat, de l'assurance obligatoire. D'où l'introduction probable, et peut-être prochaine, déjà évoquée par les responsables de l'UAR, d'une nouvelle demande d'augmentation des tarifs, qui a cependant peu de chances d'obtenir l'agrément du ministère des Finances. La plupart des compagnies parviennent en effet à compenser très largement le déficit de l'assurance obligatoire grâce aux revenus procurés par les garanties facultatives, certaines d'entre elles n'hésitent cependant pas à évoquer dans ce dernier domaine une guerre des tarifs faite de remises multiples et de pratiques de dumping qui les font parler d' “une concurrence sauvage qui fait perdre au secteur plusieurs milliards de dinars de chiffre d'affaires." Hassan Khelifati, le très offensif P-DG d'Alliance Assurances ne craint pas de mentionner le montant de “50 milliards de dinars de pertes." Un chiffre jugé “effarant" et démenti par Lamara Latrous. C'est néanmoins dans le but de mettre de l'ordre dans ces pratiques qu'un protocole d'accord a été finalement signé la semaine dernière dans le domaine de l'assurance tous risques. L'accord conclu par 13 assureurs publics et privés et approuvé par le ministère des Finances fixe à 50% les abattements sur les assurances tous risques automobiles au profit des entreprises et à 30% les remises en direction des particuliers. Il devrait être appliqué dès la rentrée prochaine. H. H.