La branche «assurance automobile», la plus prépondérante dans les portefeuilles de risques assurés par les compagnies locales, «a de plus en plus de mal à s'équilibrer», selon le président directeur général d'Alliance Assurances, Hassen Khelifati. «L'assurance automobile, prévient-il, va vers des années très dures», en raison notamment de la forte sinistralité en automobile, de la baisse des importations de véhicules et des tarifs dérisoires de l'assurance de responsabilité civile (RC), c'est-à-dire la simple assurance obligatoire. Globalement, l'automobile représente quelque 53% de la production du marché des assurances et reste, par conséquent, prédominante dans les portefeuilles des différentes compagnies, notamment celles privées, «car celles-ci n'ont pas accès aux marchés publics», nous explique Hassen Khelifati. Désormais, insiste-t-il, il faut que les assureurs entreprennent un véritable processus de concertation «pour éviter l'effondrement de notre système d'assurance automobile tel qu'il évolue actuellement». Suite au recul significatif que connaît ce marché, souligne notre interlocuteur, le chiffre d'affaires global du secteur des assurances, soit quelque 122 milliards de DA, «a vu sa croissance divisée par deux», en passant de 15% en 2013 à seulement 7% l'année dernière». En cause, énumère le P-DG d'Alliance Assurance, la baisse de 20% des importations de véhicules neufs, l'augmentation des accidents de la route, dont le niveau de sinistres à indemniser a atteint plus d'un million de dossiers, et enfin la persistance des pratiques de dumping ou de «cassage de prix» sur certaines garanties d'assurances automobile. Pour les années à venir, ajoute-t-il, la tendance au tassement de la croissance du secteur risque d'être encore plus prononcée car, anticipe-t-il, l'augmentation prévue des prix des pièces de rechange impactera négativement, soit à raison de 20 à 25%, la rentabilité de la branche assurance automobile. Selon lui, la facture globale des indemnisations en automobile risque ainsi de passer de quelque 45 milliards DA actuellement à environ 55 à 60 milliards DA en 2015. Et à tous ces facteurs défavorables qui plombent lourdement la croissance de la branche automobile, s'ajoute la contrainte structurelle liée au tarif réglementé de la responsabilité civile qui, aux dires de Hassen Khelifati, «reste la moins chère au monde», à quelque 2000 DA seulement en moyenne, soit l'équivalent d'à peine 28 dollars. Pour un seul dinar encaissé sur la garantie obligatoire de responsabilité civile, l'assureur, déplore en définitive le patron d'Alliance Assurances, «débourse parfois jusqu'à 4 dinars en sinistralité automobile».