Le président de l'Assemblée nationale veut en toute vraisemblance bousculer les us et les coutumes. Il affirme à qui veut l'entendre que l'Assemblée n'est pas censée jouer un rôle d'opposition mais de « soutien au gouvernement ». Le pouvoir législatif étant aujourd'hui réduit à sa plus simple fonction de voter des lois qui n'émanent pas de sa propre volonté, il est aussi sommé par son premier responsable de ne pas outrepasser le cadre de chambre de représentation ou de figuration et non de représentants du peuple. « Le député n'a pas de rôle politique, il ne peut s'opposer à un gouvernement alors qu'il lui avait donné son soutien. Il ne peut s'opposer aux propositions émanant de ce même gouvernement, et je tiens à dire aussi que la majorité est bien plus large que l'alliance présidentielle », souligne Abdelaziz Ziari, lors de son passage hier à l'émission « Tahaoulet » de la radio Chaîne I. Ainsi donc M. Ziari a sa propre conception du rôle d'une Assemblée, qui pourtant est censée accomplir d'abord et avant tout sa mission de représentante du peuple qui veille à remplir dignement le contrat de confiance établi avec les électeurs. Pour M. Ziari, le contrat de confiance à remplir semble être celui signé avec le pouvoir exécutif. « Nous ne sommes pas en concurrence avec le gouvernement, nous travaillons ensemble et le nombre de lois à adopter n'est pas un souci pour nous », dit-il. Le même responsable n'hésitera pas à s'attaquer à l'opposition en disant tout de go : « Nous aurions aimé avoir une opposition constructive. Malheureusement, nous avons une opposition très faible et sa faiblesse la pousse à ne s'occuper que des questions marginales. » Ceci, et d'oser dire : « L'opposition n'a pas d'écho dans la société. Quant à nous nous sommes convaincus que notre politique est la meilleure. » Revenant sur le rôle de contrôle que se doit d'avoir l'Assemblée, notamment sur la question de lutte contre la corruption, le président de l'Assemblée qui affiche un satisfecit béat sur le déroulement de la session parlementaire pourtant largement décriée, indique que les lois portant sur la lutte contre la corruption sont largement suffisantes et s'il y a des ajustements à apporter ce n'est pas aux députés de le faire mais bien le rôle du gouvernement. « Le député n'a pas les moyens de déceler les manquements dans une loi, c'est le rôle du gouvernement qui est à même de proposer des lois. » Ainsi Ziari a lâché le morceau, il assume en toute franchise le rôle de chambre d'enregistrement qui colle telle une seconde peau à l'APN. Y a-t-il lieu d'espérer autre chose ?