Il était question de commenter la rentrée parlementaire, la spécificité des projets de loi transmis à cette session pour l'approbation de rigueur. Mais à écouter le discours d'ouverture du président de l'Assemblée nationale, les choses ont changé. Les élus risquent de jouer un rôle effectif dans la “cinquième législature”, comme il s'est étrangement plu à le répéter tout au long de son discours. Saïdani trouve qu'en cette session, le point de vue des élus est enfin devenu déterminant, “l'occasion étant offerte à chaque député de marquer, en tant que témoin et acteur législatif, un moment important de notre pays dans sa marche pour le progrès”. Ce serait bien la première fois, mais comme il n'est pas question de faire des procès d'intention à nos dirigeants, autant se limiter à prendre acte de cet engagement en consignant quelques morceaux choisis du président de l'Assemblée. Car, en effet, Saïdani n'a pas été réservé dans la célébration du rôle de l'Assemblée qu'il dirige, du moins pour ce rendez-vous-ci. En attendant de connaître les raisons de cette soudaine prépondérance de l'instance législative, il faut signaler que tous les projets de lois listés en introduction de ce qui devrait donc être une mémorable session sont connus, largement commentés et considérés par les observateurs les moins avertis comme déjà adoptés. Le citoyen le plus candide n'ignore pas que l'ultime phase du processus législatif n'est pas la plus problématique pour le pouvoir. Qu'il s'agisse de la loi sur les hydrocarbures ou de la révision du code de la famille, par exemple, l'Exécutif a toujours su qu'il y a plus d'opposition possible en dehors qu'en dedans de l'APN. Il met toujours plus de temps à oser la discuter en réunions de gouvernement qu'à la proposer au paraphe parlementaire. Mais voilà, pour cette fois-ci, “c'est un rendez-vous avec l'histoire que nous avons, en tant que représentation nationale, tant sont considérables les enjeux que véhiculent ces réformes”, nous avertit l'occupant du perchoir. Patientons pour découvrir les décisives résolutions de la “cinquième législature” suggérées par le discours inaugural. Bien sûr, il n'était pas question d'omettre la tirade lyrique vantant la sainte concorde : “Il est temps que se manifeste le génie algérien dans un effort de réconciliation nationale pour que triomphe la paix dans les cœurs.” Que reste-t-il d'autre à faire que le génie de nier l'affrontement quand on n'a pas eu l'intelligence d'éviter le massacre ? Mais faut-il préjuger des travaux de l'Assemblée nationale parce que son marketing est effrontément grossi ? Au point où on en est, on peut pour une fois suivre les débats de ce “rendez-vous” avec l'Histoire. Si on n'est pas découragés par le coutumier et machinal acquiescement de nos élus. Et leur légendaire absentéisme. M. H.