Le voyageur qui arrive à Biskra, par autocar ou autobus, a l'impression de débarquer dans un gros village plutôt que dans un chef-lieu de wilaya, tellement les deux terrains vagues qui font office de « gares routières » ne sont ni « fonctionnels, ni propres, ni sûrs, et surtout ne correspondent nullement au standing de la 10e ville du pays ». C'est en substance, l'opinion que se font à la fois les transporteurs routiers et leurs clients, la plupart des ruraux obligés de descendre chaque jour, que Dieu fait, soit pour travailler ou pour régler des affaires dans le chef-lieu de wilaya, bref, de tous les usagers de ce que les autorités locales appellent pompeusement « gares routières » de l'Est et de l'Ouest. « Biskra n'a ni gare routière ni gare tout court », précise cet habitant de la reine des Zibans, qui ajoutera, amer, que les services du chemin de fer de l'Est algérien ont, il y a 6 ans, décidé, sans que les autorités locales lèvent le petit doigt, de supprimer la ligne des voyageurs reliant Touggourt à Constantine via Biskra arguant qu'elle n'était plus rentable. S'agissant de la gare routière de la zone ouest, qui n'a de gare routière que le nom, dont on a affublé un terrain vague immense situé entre le grand ensemble des 1 000 Logements et la cité des villas de l'Enicab, à une encablure de la zone industrielle, les autorités locales de l'époque l'ont sommairement aménagé - quelques minuscules abribus qui n'abritent les voyageurs ni du soleil ni du vent de sable, des kiosques ça et là, la plupart abandonnés, le tout en parpaing et qui plus est, de méchante facture, pour réduire, a-t-on dit, un tant soit peu la circulation devenue impraticable en ville au niveau du terminus des transports en commun du quartier de Dhalaâ. « Ce n'est pas en interdisant l'entrée en ville aux taxis et aux bus en provenance du Zab El Gharbi et en nous parquant dans ce marché à bestiaux qu'on résoudra les problèmes de l'infrastructure d'une ville et sa circulation intra-muros », dira à El Watan un ancien chauffeur de taxi de Tolga, qui ajoute que cette mesure inique pénalise doublement ses clients qui sont obligés de prendre un autre taxi pour se rendre au centre-ville. La gare routière desservant les daïras de Sidi Okba et de Zéribet El Oued n'est pas mieux lotie, puisqu'on l'a installée dans le no man's land situé entre les derniers bâtiments du quartier Rivière et la berge de l'oued Sidi Zerzouz. Là, en guise d'équipements et de mobilier urbain, on s'est contenté d'implanter quelques lampadaires devenus rapidement borgnes. Le soir en cette période hivernale, l'absence presque totale d'éclairage rend l'endroit sinistre et mal famé. « Résultat, les voyageurs attendent aux bord des trottoirs de l'avenue bien éclairée prolongeant le boulevard Emir Abdelkader jusqu'au siège de la cour de justice qu'un taxi pourchassé de ce lieu, mais qui arrive quand même à tromper la vigilance des agents de la circulation, veuille bien s'arrêter pour les prendre », expliquera à El Watan un habitant de Sidi Okba qui travaille toute la journée à Biskra. Ici comme ailleurs, les chauffeurs de taxi et les autres transporteurs refusent catégoriquement de payer les droits de stationnement considérant que le minimum de services n'est assuré ni aux véhicules ni aux usagers de ces « gares routière. »