« Comment produire du lait de qualité supérieure alors que l'aliment de bétail existant sur le marché est onéreux et de qualité douteuse ? », s'interroge un éleveur. Les éleveurs en général et les producteurs de lait en particulier de la commune d'Ighram, dans la daïra d'Akbou, veulent attirer l'attention des pouvoirs publics sur la précarité de leurs activités respectives au risque d'hypothéquer tous les programmes mis en place par l'Etat en vue de leur venir en aide. « Certains éleveurs préfèrent abandonner la filière lait pour se consacrer à l'engraissement du bétail, moins risqué et plus rentable », affirme Tensaout Mokrane, producteur de lait. Cette tendance, si elle venait à prendre de l'ampleur, contrarierait les efforts entrepris par les pouvoirs publics en vue d'encourager la production de lait et réduire, par la même, la facture d'importation. Les raisons d'une telle situation jugée inquiétante sont liées, selon notre interlocuteur, à la flambée des prix de l'aliment de bétail. « Le taux et la qualité du maïs dans l'aliment de bétail ne sont pas satisfaisants et influent sur la qualité et la quantité du lait produit. La santé de la vache s'en ressent aussi. Les prix affichés par la luzerne et le foin (respectivement 350 et 500 DA la botte) ne sont pas pour arranger les choses. Les médicaments ne sont pas en reste : en plus de leur revue sans cesse à la hausse, l'inefficacité énigmatique des hormones utilisées pour la synchronisation des chaleurs lors des inséminations artificielles est à signaler ». Notre interlocuteur déplore, au passage, la pénurie de réactifs pour le dépistage de maladies animales transmissibles. « La perte de deux vaches en 2009 a été un coup dur pour nous. Les remplacer par des génisses d'importation de première portée en les payant cash à raison de 29 millions de centimes, travailler sans relâche 16 heures par jour et céder finalement le lait à 29 DA au lieu de 36 DA n'est guère encourageant », estime M. Tensaout. Le manque à gagner de 7 DA par litre est dû, apprend-on, à la qualité physico-chimique et/ou bactériologique du produit jugée peu satisfaisante par les laiteries, intransigeantes en la matière. « Comment produire du lait de qualité supérieure alors que l'aliment de bétail existant sur le marché est onéreux et de qualité douteuse ? », renchérit-il. C'est dire à quel point les producteurs de lait qu'il représente se sentent fragilisés par une telle problématique. Par ailleurs, l'aviculture fait face aux mêmes aléas. « Au moment où les prix de l'aliment culminent à 3600 DA le quintal, ceux du poulet vivant cédé en gros a chuté à 110 DA/Kg alors qu'il valait le double l'été dernier », nous fait remarquer Madjid Ighessanene, aviculteur et producteur de lait. « Les aviculteurs nourrissent une réelle réticence à investir dans ce créneau. Même si le prix du poussin a dégringolé de 100 à 40 DA l'unité, il trouve peu preneur », ajoutera-t-il. Autant de préoccupations auxquelles les éleveurs de la commune d'Ighram et d'ailleurs espèrent des solutions concrètes à même de leur permettre d'entrevoir de meilleures perspectives.