La crise dans le secteur de la santé publique touche l'ensemble des corps : généraliste, spécialiste, chirurgien-dentiste, psychologue, paramédical et hospitalo-universitaire. Si ces derniers ont donné un ultimatum d'un mois aux pouvoirs publics pour le règlement de leur situation socio-professionnelle, l'Intersyndicale de la santé publique, regroupant le Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP) et le Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP) a décidé de maintenir son mouvement de grève initié, il y a plusieurs semaines. Elle maintient également les actions d'accompagnement sur le terrain, en organisant mercredi prochain un rassemblement national devant la présidence de la République, ainsi que des sit-in similaires dans différentes wilayas du pays. Les représentants de la santé veulent cette fois-ci s'adresser directement au premier magistrat du pays. En outre, les principaux syndicats du secteur de la santé condamnent l'attitude du ministre de tutelle qui adopte, à chaque fois, la politique des deux poids, deux mesures. En effet, pour casser, éventuellement, cette action de débrayage et l'harmonie existant entre les deux syndicats animateurs de ce mouvement, le département de M. Barkat a invité, jeudi dernier, seulement les responsables du SNPSSP à une réunion de conciliation. Le docteur Youcefi porte-parole de cette organisation syndicale est revenu, hier lors d'une conférence de presse animée conjointement avec Dr Merabet, chef de file du SNPSP, sur le contenu de cette rencontre et les conditions posées par son syndicat pour une sortie de crise. Les deux syndicats ont certes salué cette initiative, mais n'ont pas saisi les tergiversations des pouvoirs publics. Pourquoi avoir invité un seul syndicat à une réunion de conciliation, alors que dans la réalité, les praticiens et les spécialistes mènent depuis des semaines un même combat pour le même objectif ? Pour le SNPSSP, il n'est pas question de geler la grève si le SNPSP n'est pas invité au même titre qu'eux à un round de négociation. « Le secteur de la santé est en crise. Si les pouvoirs publics veulent que l'on gèle notre grève il faudrait qu'ils apportent des solutions concrètes aux problèmes posés par les praticiens de manière générale », a soutenu Dr Youcefi qui, certes, se réjouit de l'ouverture des portes du dialogue, mais avertit que ce premier pas ne doit pas se faire à l'encontre de tous les syndicats. « Nous avons tenu une réunion avec le SG du ministère en présence des responsables de l'Inspection du travail et ceux de la Fonction publique et nous avons clairement fait savoir à nos vis-à-vis que nous ne renoncerons pas à la grève tant que des garanties palpables ne sont pas apportées aux deux syndicats », rapporte Dr Youcefi, qui a plaidé la cause du SNPSP en demandant au ministre d'adopter la même démarche que lui. Le dialogue doit concerner les deux syndicats Une autre réunion avec le même syndicat est programmée pour aujourd'hui. De son côté, Dr Merabet estime que les syndicats ont emprunté la meilleure voie, qui va les amener à arracher tôt ou tard leurs droits. Néanmoins, Dr Merabet a fustigé le ministre de la Santé qui, de son avis, n'est pas à sa première tentative de casse. Le conférencier a relevé avec beaucoup d'interrogations le traitement différencié et sélectif réservé par la même tutelle, le même responsable au règlement de la situation conflictuelle dans laquelle se débat le secteur public de la santé. « Nous avons pris acte de la disponibilité du ministère à relancer les négociations mais nous regrettons cette manière sélective qui prête à équivoque et entretient la crise de confiance », pense Dr Merabet. Celui-ci interpelle le ministre pour qu'il réamorce et réaborde les négociations sur les onze points inscrits dans la plateforme de revendications. Par ailleurs, les syndicats ont évoqué les deux invitations qui leur ont été adressées par la tutelle pour la participation à l'installation cette semaine (mercredi pour les praticiens et jeudi pour les spécialistes) des commissions respectives portant sur le débat autour du régime indemnitaire. « Nous ne participerons pas à ces réunions, car nous estimons que le régime indemnitaire ne doit être discuté que dans le cadre du dialogue. Nous sommes en grève et refusons l'atomisation de notre plateforme de revendications », a précisé Dr Merabet. De l'avis des deux syndicats, il est impérativement nécessaire de ne pas brûler les étapes. « Nous sommes invités à cette commission au même titre que les autres syndicats nonobstant de notre action de débrayage. Ce n'est pas normal », ont pesté les deux syndicalistes, qui exigent la tenue de réunions de conciliation sur tous les points de leur plateforme, y compris le régime indemnitaire. Ce n'est qu'une fois les PV signés et des garanties officielles données que les syndicats accepteront l'invitation de la tutelle pour débattre du régime indemnitaire.