Ce constat des lieux des plus sévères a été dressé par le nouveau wali de Constantine, Kamel Abbas, lors du premier conseil de wilaya tenu la semaine dernière. Pour reprendre ses termes, les cimetières sont dans un état catastrophique. Kamel Abbas n'a pas manqué, par ailleurs, de reprocher aux responsables de la mairie, chargés de l'entretien de ces lieux, des manquements graves dans leur gestion, en donnant pour exemple de ce laisser-aller l'absence de désherbage, mais aussi l'insalubrité qui caractérise ces établissements. Un constat que tous les citoyens de Constantine ont pu faire, sans attendre que le wali vienne l'évoquer, particulièrement au niveau du cimetière central. Surchargé, très mal entretenu, envahi par les herbes folles et sujet aux glissements de terrain, l'on peut également y remarquer que des dizaines de pierres tombales, notamment dans sa partie basse, se sont brisées sous l'effet de l'érosion des sols. Mais la palme du laisser-aller en matière d'entretien de ces lieux de repos éternel revient sans nul doute au cimetière d'El Gammas. Une récente visite dans ce cimetière situé sur un terrain abrupt et rocailleux, nous a permis de constater qu'il se trouve également dans un état d'abandon inscriptible, qui s'ajoute au problème structurel d'un aménagement bancal. En plus des sachets et des bouteilles en plastique qui jonchent ses allées, l'on peut voir là aussi, et à l'instar du cimetière central, que les herbes folles ont trouvé un terrain favorable à leur reproduction à telle enseigne que le moindre espace à l'intérieur ou dans les différentes allées délimitant les pierres tombales en sont recouverts. Certaines stèles, pourtant protégées par des grilles, n'ont pas échappé également à la propagation effrénée de la flore sauvage. Le mur d'enceinte du cimetière, en plus de son état dégradé, de sa dangereuse inclinaison et de trous béants visibles sur sa clôture, est inachevé sur plusieurs dizaines de mètres du côté surplombant le quartier dit 4e Km, avons-nous remarqué aussi. Un agent d'entretien du cimetière rencontré lors de notre visite nous fait part à ce sujet d'un litige entre la commune et le propriétaire du terrain mitoyen avec le cimetière, lequel accuse la mairie d'avoir empiété sur son terrain, ce qui serait à l'origine de l'arrêt des travaux de la réalisation de la clôture, il y a une vingtaine d'années. Un cimetière pour Ali Mendjeli Interrogé sur l'état de laisser-aller dans lequel se trouve actuellement le cimetière, le même gardien soutient que cette situation est due principalement au personnel insuffisant affecté par la mairie à l'entretien des lieux. «Avec une équipe constituée de six agents seulement, dont trois sont chargés uniquement du gardiennage, deux pour la nuit et un pour le jour, nous ne sommes plus que trois pour veiller aux enterrements, creuser les tombes et nettoyer un cimetière qui s'étale sur plusieurs hectares. Nous faisons pour le mieux, mais je vous avoue qu'il est très difficile d'accomplir cette tâche dans les meilleures conditions», nous dira-t-il. Ceci dit et, face à la saturation des cimetières à Constantine, les autorités de la ville ont, semble-t-il, décidé d'affecter un terrain qui devrait s'étaler sur quatorze hectares pour abriter un nouveau cimetière, mais sans préciser ni la date ni le lieu où il devrait être implanté. C'est du moins ce qui a été annoncé lors d'un conseil de wilaya. Dans un autre registre, il paraît aberrant que les autorités se plaignent de la saturation des cimetières existants, alors que pour Ali Mendjeli, une nouvelle ville qui compte actuellement plus de 300 000 habitants et qui est appelée à en accueillir beaucoup plus dans l'avenir, ces mêmes autorités n'ont pas prévu d'y réaliser un cimetière.