Le colloque international Abdelhamid Benhedouga reprend ses droits à Bordj Bou Arreridj après une rupture inexpliquée de quatre ans. Mardi, à l'ouverture de la 15e édition à la maison de la culture Mohamed Boudiaf, Azzeddine Mihoubi, ministre de la Culture, s'est engagé pour que ce rendez-vous littéraire et scientifique soit organisé chaque année de manière régulière (voir www.elwatan.com). La thématique choisie pour la reprise du colloque est «Le roman et les arts entre l'expérimentation et la critique» avec au programme une trentaine de communications entre plénière et ateliers organisés au niveau du complexe culturel Aïicha Haddad. «Abdelhamid Benhedouga est le fondateur du roman algérien écrit en arabe. Il a innové dans l'écriture littéraire. D'où l'appellation d'écriture nouvelle. Il est le symbole du roman algérien et arabe. Pour cette année, nous avons voulu que le colloque s'intéresse à la critique littéraire en élargissant le spectre aux autres arts comme la peinture, le cinéma ou le théâtre. Nous essayons d'étudier les rapports entre les arts narratifs et les arts qui ne s'appuient pas sur la langue. Nous avons également préféré donner la parole à de jeunes académiciens pour animer les ateliers et les conférences», a déclaré Saïd Boutadjine, président du colloque. Ecrivain, traducteur, critique et universitaire, M. Boutadjine vient de publier Aoudhou Billah, aux éditions El Ikhtilaf à Alger et Dhifad à Beyrouth. «Le colloque contribue au développement de la réflexion sur le roman tant sur le plan des idées que de l'esthétique», a-t-il ajouté. Selon lui, le colloque va s'ouvrir, dans ses prochaines éditions, sur les littératures japonaise, chinoise et sud-américaine. Amina Belaala, qui enseigne l'analyse du discours à l'université de Tizi Ouzou, est revenue sur «Le conflit de représentation» dans l'univers romanesque algérien. Elle a dépassé la question de la langue pour aborder cet univers comme un tout harmonieux qui a su «exprimer les évolutions de la société algérienne et tenter de répondre aux grandes questions qu'elle pose» au fil des ans. L'universitaire a remonté le temps jusqu'au milieu des années 1920 pour interroger les œuvres de trois précurseurs Mohamed Ben Si Ahmed El Goumi, Abdelkader Hadj Hamou et Choukri Khodja. Elle a évoqué également les travaux de Taos Amrouche, de Fadhma Aït Amrouche et de Leïla Debache. Elle a analysé la manière avec laquelle la narration algérienne de graphie française a accompagné le Mouvement national et contribué à «élaborer» la conscience politique des Algériens. «Dans les années 1970, le romancier algérien écrivant en arabe était face à de nouveaux défis, devait répondre à plusieurs questions, s'occupait des préoccupations naissantes de la société algérienne de l'époque», a soutenu Amina Belaala. Elle a parlé du roman réaliste social représenté, entre autres, par Tahar Ouettar et Abdelhamid Benhedouga. «Ce roman liait la question sociale à la question historique,tentait de comprendre les divergences au sein du mouvement nationale, dévoilait les conflits politiques apparus en plein guerre de libération nationale», a-t-elle dit. Mouna Bechlem de l'université de Constantine a analysé «La violence dans l'imaginaire romanesque algérien» alors que Ahlem Bencheikh de l'université de Ouargla a évoqué «Les questions de l'intellectuel et des enjeux de la citoyenneté» dans les romans de Merzac Begtache. Tayeb Ould Aroussi s'est intéressé à un romancier algérien peu connu, Ali Boumahdi. Nous y reviendrons. Interrogé sur les prix littéraires, après la création du prix Benhedouga du meilleur roman, M. Mihoubi, ministre de la Culture, a déclaré : «Il n'y a pas de contradiction entre le prix Benhadouga et les prix Assia Djebar, Mohamed Dib ou Tahar Ouettar. Plus, il y a de prix littéraires, mieux c'est. Chaque prix a ses paramètres et son indentité.» Un soutien est, selon lui, apporté aux initiatives qui mettent en valeur la production culturelle et littéraire algérienne. «Un seul auteur peut décrocher plusieurs les prix. Rien ne l'empêche. La multiplication des prix incite les écrivains à produire plus et les éditeurs à publier des livres», a souligné le ministre . Il a qualifié de véritable acte citoyen la participation du groupe Benhamadi (Condor) au financement du colloque Abdelhamid Benhedouga. «C'est cette culture de la citoyenneté que nous voulons consacrer avec le soutien des entreprises privées et publiques aux activités culturelles au niveau national», a-t-il dit, citant l'exemple de l'ONDA qui prend part à la plupart des événements culturels. Il a parlé de trois projets de construction de multiplex développés par des privés et de discussions avec des opérateurs économiques pour un partenariat dans la future cité du cinéma d'El Achour. A noter enfin que la romancière algérienne Hadjer Kouidri, auteure notamment de Nawrass Bacha, a été honorée lors de la cérémonie d'ouverture du colloque.