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Courtney Pine : De l'énergie positive
Publié dans El Watan le 25 - 11 - 2016

«Ce soir, j'ai ressenti de l'énergie positive», a déclaré, mercredi soir, le célèbre saxophoniste britannique Courtney Pine après un concert au14e Festival international du jazz de Constantine (Dimajazz) à la salle Ahmed Bey. «Je tire mon énergie du public. Je remarque tout ce qui se passe en salle, les gens qui me prennent en photo avec les smartphones. Quand vous jouez du jazz, vous pouvez sentir l'énergie du public. Il m'est arrivé de jouer dans des salles où je ne ressentais rien.
Donc, parfois on accélère les rythmes et parfois on ralenti la cadence», a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse après le concert. Habillé en vert, jaune et noir, les couleurs jamaïciennes, le musicien, qui joue également la basse clarinette, le clavier et la clarinette, a demandé au jeune public de se rapprocher de la scène. «Vous êtes fatigues ?», a-t-il lancé sur un ton de défi.
Les présents ont répondu en chœur : «Non !» Il a alors invité les spectateurs à danser, lever les mains, bouger, sauter… Bref, de faire la fête ! «Mes parents sont Jamaïcains, mais je suis né à Londres. Je n'ai pas trouvé une tenue aux couleurs algériennes, sinon je l'aurais porté ce soir», a-t-il affirmé. Le jazz est à la base de la musique de Courtney Pine. Une musique qui prend les couleurs festives des Caraïbes avec de petites touches de la méringue, du mento et du calypso. Le saxophoniste ne se donne pas de limites. «Le jazz a toujours permis ces mixtures. Depuis le début à la Nouvelle Orléans, il a été question de mélange dans le jazz.
Pourquoi s'en priver aujoursd'hui ?», s'est-il interrogé. Coutney Pine a présenté des morceaux de ces deux derniers albums, House of legends (La maison des légendes) (2012) et The ballad book (2015). «Avant de produire mon dernier album, j'ai écouté beaucoup de musique. Je mixe les sons et les tempos avec ce qui se fait aujourd'hui. Quand, je sors le soir, j'aime écouter de la musique électronique. Je me dis pourquoi ne pas l'ajouter à mes compositions», a-t-il expliqué, ressemblant le jazz à du gâteau. «Vous pouvez mettre du chocolat ou une autre saveur, ça reste un gâteau !», a-t-il appuyé.
Courtney Pine n'a pas hésité à ajouter du UK garage dans ses compositions. Il a promis d'introduire un chant du public de Constantine (inspiré des clameurs du stade de football) à son prochain album. Revenant sur l'album House of legends, le saxophoniste a rappelé que sa démarche musicale visait à évoquer la résistance des populations des Caraïbes à l'esclavage, à l'oppression et «aux choses diaboliques qui leur étaient imposées» par le passé. «Je voulais que les Algériens écoutent des titres de cet album. C'est un message d'espoir aux Algériens qui, eux aussi, ont connu beaucoup de souffrances», a-t-il déclaré.
Hommage à Nelson Mandela
Courtney Pine est parmi les premiers saxophonistes à figurer dans The officiel UK top 40. «Les gens me connaissent donc. En 2000, la reine d'Angleterre m'a invité au Buckingham Palace pour me remettre un OBE (Officer of the Order of the British Empire ), puis un CBE (Commander of the Order of the British Empire) en 2009. Beaucoup de personnes au Royaume-Uni n'ont pas aimé cela. Parce que cela n'est jamais arrivé auparavant pour des gens comme moi», a confié Courtney Pine. Invité à préciser sa réflexion, il a ajouté : «Les gens comme moi ?
Saxophoniste !» Souriant, il a soufflé aux journalistes : «Black !, black !» Le racisme sournois n'empêche pas l'artiste de poursuivre son chemin. «Nous ne faisons pas attention à cela, nous continuons à jouer de la musique. Cela a toujours été comme ça. Nous jouons avec beaucoup d'énergie en s'appuyant sur les épaules de nos parents. Notre culture est importante», a-t-il déclaré.
Dans une interview accordée en 2010 au quotidien The Independant, Courtney Pine a confié qu'il était «le saxophoniste le plus haï de tous les temps», en réaction aux campagnes haineues qui l'avaient ciblées à l'époque. L'interview a provoqué un grand bruit en Grande-Bretagne. Pour célébrer le bicentenaire de l'abolition de l'eclavage, le musicien a monté en 2007 le projet The Jazz Warriors Afropeans.
Il s'est engagé églament avec Venus Warriors, un groupe de musiciennes, pour l'érection d'une statut pour la célèbre infirmière jamaïcienne Marry Seacole à côté de l'hôpital Saint Thomas, à Londres. Marry Seacole s'était distinguée par l'utilisation de médicaments à base de plantes pour soigner les soldats durant la guerre de Crimée, à partir de 1853. Cet engagement, étudié de l'artiste, ne plaît pas à une certaine «bien penseance» de la droite conservatrice anglaise.
Courtney Pine a interprété, mercredi soir, une morceau en hommage au leader sud-africain Nelson Mandela. «Cette année, je suis allé à Robben Island (au large du Cap) en Afrique du Sud. Et j'ai joué du saxophone dans la cellule où était emprisonné Mandela, l'homme qui m'a inspiré lorsque j'étais jeune. Et il continue de m'inspirer. Malgré le fait qu'il a souffert et qu'il a subi de la maltraitance, il a toujours cru à l'idée que nous pouvons vivre ensemble dans la paix», a-t-il confié.
La première inspiration du musicien est venue de Bob Marley. «Adolescent, j'ai écouté l'album Exodus. Les paroles des chansons m'ont réveillé, ouvert les yeux», a-t-il confirmé. Exodus a reçu, à sa sortie en 1977, plusieurs disques d'or et de platine en Europe et en Amérique du Nord. Plusieurs chansons portaient de la dénonciation comme So much things to say (beaucoup de choses à dire) et Exodus. En 2009, Courtney Pine a produit l'album Transition in Tradition en hommage à Sidney Bechet. «Bechet est le plus grand joueur de saxophone.
Il est un grand modèle pour moi», a-t-il confié. Courtney Pine fait un plaidoyer pour que la clarinette basse soit présente dans les projets musicaux de jazz et de soul. «C'est un instrument particulier. Il ressemble au didgeridoo, l'instrument des aborigènes avec un son spécial», a-t-il précisé. Le musicien utilise aussi un saxophone électrique à huit octaves. Actuellement, Courtney Pine travaille sur un nouvel album avec le chanteur Omar Lye Fook. Le titre est tout un programme : Black notes from the deep (Des notes noires des profondeurs).
L'homme qui parle au violon
En première partie, le violniste italien Luca Ciarla a étonné le public par une technique particulière de jeu. Il utilise le sampler looper, une machine électronique qui permet d'enregistrer en live des séquences ou des échantillons et les refaire jouer en boulce comme un accompagnement. «C'est une machine qui est utilisée par les rockers et les musiciens de la beat box. Une idée née à San Fransico avec le mouvement minimaliste. Le live looping permet d'avoir beaucoup de choses extraordinaires, surtout lorsqu'on joue seul sur scène. Il n'est pas difficile de jouer, l'important est d'être créatif», a expliqué Luca Ciarla, lors d'une rencontre avec les journalistes après le concert.
Ses mélodies, qui peuvent être mises dans le registre de la musique savante ou de la musique expérimentale, sont empreintes d'une certaine mélancolie. Il a, entre autres, repris l'instrumental d'une chanson des Beatles et une autre puisée dans la tradition musicale ethiopienne. Il a également improvisé un morceau sur scène en ajoutant sa voix et un sifflet d'enfant pour créer une sensation d'orchestration. Parfois Luca Ciarla a donné l'impression de chuchoter à l'oreille, de parler au violon.
Une véritable performance artistique qui, pour le public, était une découverte. Un public qui parfois a eu du mal à adhérer aux sonorités produites par l'homme orchestre. «J'ai constaté que les présents étaient jeunes. Donc, ils n'étaient pas réellement prêts à écouter ce genre de musique. J'ai donc simplifié le repertoire», a-t-il affirmé. Pour lui, les jeunes sont plus habitués à l'écoute de la musique commerciale. «Une musique qu'on prend et qu'on rejette. J'essaie de faire de la musique qui reste dans le cœur. Et ce que fait le Dimajazz est très important.
Le public a besoin de connaître et d'écouter le genre de musique que je fais. Le Dimajazz nous permet de nous rapprocher aussi entre peuples», a estimé Luca Ciarla. Le musicien, qui a vécu aux Etats-Unis et à Hong Kong, essaie, à chaque fois, d'utiliser, à la manière des guitaristes country, la technique du finger picking (pincement des cordes). «Le violon vous offre beaucoup de possibilités. J'adore la manière avec laquelle on joue le violon en Algérie, en Egypte et au Maroc.
Une manière complètement différente avec l'utilisation notamment du quart de ton. Il m'est impossible de jouer comme les Nords-Africains mais je peux capter des choses et les introduire dans mes compositions», a-t-il relevé. Selon lui, le jazz est l'espace qui permet de faire des expériences musicales. «Un espace de l'hybridité. Le jazz est la maison de la création. C'est là où les musiciens peuvent faire ce qu'ils veulent», a estimé ce grand amateur du violoniste français Didier Lockwood et du trompettiste américain Dizzy Gillespie.
Il a d'ailleurs repris dans son dernier album ViolonAir, le célèbre morceau A night in Tunisia, de Dizzy Gillespie. «J'ai commencé en tant que musicien classique mais j'ai également joué de la folk, de la musique ethnique et du jazz depuis que j'étais jeune. J'aime les traditions musicales indiennes et méditerranéennes. N'oubliez pas que le violon est né en Afrique du Nord et a été développé en Italie. C'est donc un instrument méditerranéen», a souligné Luca Ciarla qui évolue parfois en Quartet.


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