InfoSoir : L'année scolaire 2009-2010 connaît une instabilité inquiétante. Les élèves en font les frais. Votre commentaire ? Khaled Ahmed : Nous sommes très inquiets par cette grève qui prend nos enfants en otage. Nous dénonçons le silence du ministre de l'education nationale face à cette situation. C'est la plus mauvaise année scolaire qu'a connue l'Algérie depuis 1962 : le fait qu'elle ait été entamée un mois de ramadan a fait perdre aux élèves les deux premières semaines, puis la crise des tabliers a perturbé l'avancement des programmes, et ensuite la menace de la grippe porcine, et puis la grève dans le secteur déclenchée par les différents syndicats d'enseignants... Si on compte le nombre de semaines perdues, elles dépassent six semaines. Début mars, c'est la semaine des compositions… et nous avons peur d'une mauvaise réaction des élèves désorientés. Justement que faites-vous pour préserver vos enfants d'un éventuel désintérêt total des études ? Nos enfants sont fatigués, désorientés et désespérés à cause de cette instabilité. Ils ont perdu carrément le goût aux études. Nous essayons de calmer les esprits des élèves pour qu'ils puissent étudier dans la sérénité : les associations des parents d'élèves au niveau des établissements scolaires tentent de jouer ce rôle de «pompier» car il s'agit de l'avenir de nos enfants. Mais les parents d'élèves n'ont pas tenté de faire pression sur les deux parties (syndicats et ministère de tutelle), d'autant qu'il s'agit de l'avenir de leur progéniture… Les associations des parents d'élèves ne sont pas absentes et sont en contact permanent avec les syndicats autonomes pour essayer de mettre fin à leur grève afin de sauver cette année. Les enseignants se disent victimes et se plaignent de leurs mauvaises conditions de travail et de leurs conditions socioprofessionnelles. Toutefois, nous ne pouvons obliger ni le ministère à répondre favorablement aux doléances des enseignants, ni les enseignants à reprendre le travail. On essaye seulement d'appeler les deux parties à la raison pour ne pas compromettre l'avenir de huit millions d'élèves. Maintenant que la grève menace de compromettre l'année scolaire, que comptez-vous faire ? Nous allons lancer un appel au premier magistrat du pays pour qu'il intervienne. Nous estimons que seul Bouteflika pourra mettre de l'ordre dans ce secteur et rétablir la situation. On continue aussi à tenir des réunions avec les enseignants pour tenter de les amener à suspendre leur grève. Mais nous n'avons pas l'autorité d'améliorer les choses. Je m'interroge d'ailleurs : où sont les partis politiques ? Où sont les personnalités nationales ? ne sont-ils pas concernés par cette crise qui ronge un secteur aussi important que l'Education nationale ? On ne sait toujours pas si ces parties sont complices où si elles ne s'intéressent pas à l'avenir de leurs enfants… *Président de l'union nationale des associations des parents d'élèves.