Né en 1962 dans le camp de réfugiés de Khan Younès, au sud de la bande de Ghaza, licencié en littérature arabe à l'université islamique de Ghaza, Yahya Sinwar, également un des fondateurs de la branche armée du Hamas, les fameuses brigades Ezzedine Al Qassam, a été élu lundi président du comité politique du mouvement à Ghaza. L'homme, qui est par ailleurs connu pour avoir créé l'unité Majd chargée du renseignement, a passé 22 ans dans les prisons israéliennes. Arrêté en 1988, au cours de la première Intifadha, pour «activités terroristes» (élimination de collaborateurs) et condamné à quatre peines à perpétuité, il n'a été libéré qu'en 2011, lors de l'échange de 1000 prisonniers palestiniens contre le soldat franco-israélien Gilaad Shalit, détenu par le mouvement Hamas durant 5 ans à Ghaza. Son élection rend compte d'une «militarisation» de la direction du Hamas, estiment certains experts locaux. Sinwar prône la lutte armée comme seul moyen de dialogue avec Israël et s'oppose fortement au processus de paix lancé en 1993 avec la signature des Accords d'Oslo par Israël et l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). Avec l'élection de Yahya Sinwar, les brigades Ezzedine Al Qassam semblent avoir pris le contrôle du mouvement à Ghaza une fois pour toutes. Depuis 2015, les Etats-Unis ont inscrit deux autres cadres des brigades Ezzedine Al Qassam sur leur liste de «terroristes internationaux». Khalil El Haya, un député du Hamas faisant partie également des faucons du mouvement, a été désigné comme le n°2 du bureau politique du Hamas à Ghaza. Pour son prédécesseur Ismaïl Haniyeh, qui était à la tête du mouvement à Ghaza depuis 2007, l'année où le Hamas a pris le contrôle de l'enclave palestinienne au prix d'un putsch armé, les observateurs pensent qu'il est le mieux placé pour remplacer l'actuel président du bureau politique du mouvement, Khaled Mechaal, qui vit en exil au Qatar. Le nouveau chef du Hamas à Ghaza est un homme qui n'apparaît que rarement en public, car c'est l'un des militants du Hamas les plus recherchés par Israël qui n'hésitera pas à l'éliminer à la première occasion. D'ailleurs, cette élection a suscité de nombreuses réactions, surtout en Israël, où l'on pense qu'avec Sinwar à la tête du Hamas, en remplacement d'Ismaïl Haniyeh, dont les positions annoncées sont beaucoup moins dures, une nouvelle guerre dans l'enclave palestinienne est plus proche que jamais. Le ministre israélien de l'Energie, Youval Steiniz, intérimaire du Premier ministre Benjamin Netanyahu en visite à Washington, a déclaré que «l'affrontement prochain avec le mouvement Hamas n'est qu'une question de temps». Le ministre israélien estime que l'élection de Yahya Sinwar, qu'il a décrit comme un homme «impulsif et cruel», est très dangereuse. Steiniz a dit qu'il n'y a pas de partenaire palestinien, avant de conclure qu'il n'y a pas de différence entre Daech et le Hamas. Quant au président de la commission des affaires étrangères et de la sécurité au sein de la Knesset, Parlement israélien, Avi Dikhter, il a tout simplement appelé à la destruction des infrastructures de base du Hamas après l'élection de Sinwar. Alors que l'atmosphère était déjà tendue dans l'enclave palestinienne à cause des menaces de dirigeants israéliens et de la série de bombardements aériens de la semaine passée, l'élection de Yahya Sinwar à la tête du mouvement Hamas dans la bande de Ghaza semble être un catalyseur pour une prochaine grosse guerre. L'enclave palestinienne, sous blocus israélien depuis 10 ans, a vécu trois guerres meurtrières et dévastatrices en 6 ans, dont la dernière durant l'été 2014.