Mazen Fuqaha, âgé de 35 et père de deux enfants, a été assassiné vendredi, dans le quartier de Tel El Haoua, au sud-ouest de la ville de Ghaza. Considéré comme l'un des commandants des Brigades Ezzeddine Al Qassam, la branche armée du mouvement Hamas, ce militant est un ancien prisonnier libéré par Israël, ainsi que 1000 autres, en 2011, dans le cadre de l'échange contre le soldat israélien Gilaad Shalit, détenu par le mouvement Hamas durant plus de cinq ans dans la bande de Ghaza. Alors qu'il se trouvait près de son véhicule, devant l'immeuble où il habitait, des inconnus se sont approchés de lui et lui ont tiré dessus à bout portant avec des pistolets munis de silencieux, selon des sources locales. Atteint de quatre balles à la tête et à la poitrine, Fuqaha est mort sur le coup. Ses obsèques ont eu lieu hier en présence de toute la direction du Hamas dans la bande de Ghaza. Au même moment, des avions de chasse israéliens sillonnaient le ciel et effectuaient des raids fictifs sur la ville de Ghaza. Ils étaient porteurs d'un message de menaces clair au mouvement Hamas en cas d'escalade militaire de sa part. C'est le premier assassinat du genre depuis le contrôle de la bande de Ghaza par le mouvement Hamas, en 2007, au prix d'un putsch armé. Il porte l'empreinte des services secrets israéliens. Depuis l'Intifadha d'El Aqsa déclenchée en septembre 2000, Israël exécute des assassinats ciblés à l'aide de ses drones ou de ses hélicoptères d'assaut de type Apache. C'est de cette manière que furent tués des dizaines de responsables du Hamas et de sa branche militaire. Cheikh Ahmed Yassine, fondateur et chef du mouvement, a été tué le 22 mars 2004 par un missile air-sol lancé par un hélicoptère d'assaut. Son successeur à la tête du mouvement, Abdel Aziz Al Rantissi, a été liquidé moins d'un mois après de la même manière. Ahmed Al Jaabari, le deuxième homme des Brigades Ezzeddine Al Qassam à l'époque, avait été ciblé par une roquette tirée par un drone israélien le 14 novembre 2012. Sa mort déclencha une guerre d'une semaine au cours de laquelle 160 Palestiniens avaient été tués et des centaines d'autres blessés. Fuqaha, condamné à 9 peines de perpétuité pour avoir «commandité» plusieurs opérations suicide durant la seconde Intifadha, n'aurait jamais dû quitter les prisons israéliennes vivant. Originaire de Toubasse, en Cisjordanie occupée, il a été libéré à condition d'être déporté vers la bande de Ghaza. Le père du martyr a affirmé que les services sécuritaires israéliens envoyaient des lettres de menace de mort à son fils par le biais de membres de sa famille, sous le prétexte de les pousser à lui conseiller de quitter ses activités militaires au sein des Brigades Ezzeddine Al Qassam, (la force armée principale dans l'enclave palestinienne). La famille de Mazen Fuqaha a fait porter l'entière responsabilité de la mort de leur fils à l'occupation israélienne. Les brigades Ezzeddine Al Qassam menacent Israël de représailles Le mouvement Hamas a souligné que «l'assassinat du prisonnier libéré Mazen Fuqaha est une opération lâche, exécutée par des collaborateurs avec l'occupation». Sa branche armée, les Brigades Ezzeddine Al Qassam, a affirmé que «l'assassinat a été planifié et exécuté par l'ennemi sioniste qui porte la responsabilité et les conséquences de ce crime». Et d'ajouter dans le communiqué militaire publié quelques heures après l'assassinat : «Quiconque joue avec le feu finira par s'y brûler et l'ennemi paiera le prix de l'assassinat de notre martyr.» «Nous briserons cette nouvelle équation (les liquidations) que veut imposer l'ennemi aux héros de la résistance et nous lui ferons regretter d'avoir pensé à lancer cette opération», a souligné le communiqué. La branche armée du Hamas a conclu le communiqué par une promesse de faire payer ce crime aux Israéliens de façon équivalente à la valeur du martyr Mazen Fuqaha. Pour beaucoup d'observateurs, cette opération vise à provoquer les Brigades Ezzeddine Al Qassam et les pousser à attaquer Israël par ses roquettes, ce qui permettra à son armée de se lancer dans une nouvelle guerre contre la bande de Ghaza. Le même scénario avait été utilisé en 2008, 2012 et 2014. Cette guerre aura pour but essentiel de faire dévier l'attention des scandales (corruption) qui touchent le Premier ministre, Benyamin Netanyahu, et menacent sa coalition de droite, même si c'est au prix de la vie de milliers de Palestiniens. La liquidation par Israël du mouvement Hamas n'est sûrement pas le but de n'importe quelle opération militaire israélienne. L'entité sioniste veut que l'état de division inter-palestinienne perdure et souhaite que le mouvement Hamas continue de régner sur l'enclave palestinienne, pour dire qu'il n'a pas de partenaire crédible pour la paix et gagner encore plus de temps afin de faire tomber définitivement la solution à deux Etats par l'expansion de la colonisation en Cisjordanie occupée, y compris dans la ville sainte d'El Qods, et l'annexion de larges parties du Territoire palestinien occupé. La division permet à Israël de dire que le président Mahmoud Abbas ne contrôle pas une partie importante des Territoires palestiniens, en l'occurrence la bande de Ghaza gouvernée par le mouvement Hamas, considéré par Israël, l'Union européenne et les Etats-Unis comme une organisation terroriste.