La question est bien simple, et les Palestiniens dans leur écrasante majorité se la posent depuis 1995, soit depuis que le processus d'Oslo, certainement celui qui avait suscité le plus d'espoir, se heurte au refus d'Israël d'honorer ses engagements. C'est l'époque où les diplomates, forts de leur sens de la synthèse, déclaraient qu'Israël voulait la paix et les territoires, alors que le processus en question prévoyait l'instauration de la paix contre la restitution, par Israël, des territoires palestiniens et arabes qu'il occupe. Et en 1996, le Proche-Orient est passé tout près d'une guerre. Et, les mêmes causes produisant les mêmes effets, rien n'indique que le risque est cette fois moindre, surtout que les Palestiniens sont persuadés que les négociations n'ont mené à strictement rien. L'Américain George Mitchell en avait tiré la conclusion en 2000, en appelant au gel de la colonisation israélienne. Même constat du Quartette, ce forum incapable de tenir les promesses faites aux Palestiniens en les assurant de la création d'un Etat indépendant avant la fin… 2005. Et les causes sont à rechercher encore et toujours du côté d'Israël qui persiste dans sa politique d'occupation des territoires, s'attaquant même aux lieux saints comme la mosquée El Khalil dans la ville palestinienne du même nom. Cela rappelle les années soixante avec l'incendie de la mosquée d'El Aqsa, avec comme réaction du monde musulman la création de l'organisation de la conférence islamique (OCI ) et, en son sein, le Comité El Qods, chargé notamment de la défense et de la préservation des Lieux saints de l'Islam en territoires palestiniens occupés. Quant à l'ONU, elle n'a jamais reconnu l'annexion de la ville sainte par Israël. Mais depuis peu, ce n'est plus une annexion rampante comme ce processus est décrit habituellement, c'est tout simplement le recours aux grands moyens avec l'expropriation de milliers de Palestiniens d'El Qods et l'installation de juifs dits extrémistes, comme pour nier l'implication du pouvoir politique, alors même qu'il applique sa propre politique, en réalité une politique défendue et strictement appliquée par l'ensemble de la classe politique israélienne. C'est lui qui a décidé de lancer la construction d'un ensemble de 600 logements à El Qods-Est. C'est également lui qui a décidé de raser des dizaines de maisons palestiniennes dans le même secteur, en vue de l'établissement d'un parc archéologique. Plus qu'une simple provocation, c'est d'une agression qu'il s'agit pour les Palestiniens déterminés à défendre leur mémoire, leur patrimoine et leurs territoires. Ils le font comme ils l'ont fait en décembre 1987, ou encore en 2000 quand Ariel Sharon est venu provoquer les Palestiniens sur l'esplanade des mosquées d'El Qods. Il en a été chassé à coups de pierres, armes des Palestiniens. Et la situation pourrait être plus grave, les Palestiniens sentant qu'Israël bénéficie d'une large complicité internationale et que, de toute façon, les négociations ont toujours bénéficié à Israël. Ce serait alors la fin de l'état de ni guerre ni paix.