Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) appelle à l'ouverture d'un débat général sur la corruption au sein de l'Assemblée populaire nationale (APN). Le chef du groupe parlementaire de ce parti de l'opposition, Boubekeur Derguini en l'occurrence, interpelle le Premier ministre sur la question, à travers une lettre rendue publique hier. Une missive qui nécessite encore une quinzaine de signatures de députés pour son expédition. Pour qu'elle soit recevable, la lettre doit être accompagnée d'au moins 30 signatures de députés. « Nous avons pu récolter près d'une vingtaine de signatures. Cela n'est pas suffisant. Nous avons alors décidé de rendre public le contenu de la lettre pour que nous puissions recueillir d'autres signatures », indique Boubekeur Derguini, qui affirme encore une fois que cette initiative reste tributaire de l'engagement des députés pas uniquement du RCD qui ne sont du reste que 19. « Nous pensons, en notre âme et conscience, que le devoir patriotique et le respect de nos électeurs exigent de nous de vous demander d'ouvrir un débat général sur la corruption », peut-on lire dans la lettre. M. Derguini dénonce dans ce sillage « le rôle d'instance alibi dévolu à l'APN et les traditions de soumission qu'on y a semées et qui s'y sont développées ». Il explique que cette situation ne fait que « compliquer et amplifier » la crise de confiance qui oppose l'Etat et la société et peut à nouveau engager le citoyen à accompagner, voire à s'impliquer dans des alternatives où la violence lui apparaîtrait comme unique moyen de rétablissement d'un minimum de justice dans la gestion des affaires publiques. « Ces dossiers (de corruption) posent de nombreuses questions qui renvoient à autant de problèmes », est-il écrit. M. Derguini évoque dans cette lettre les questionnements légitimes des citoyens sur l'existence d'une arrière-pensée politique qui aurait déclenché l'exploitation de ces dossiers de corruption. Le chef du groupe parlementaire du RCD exprime également son étonnement sur la gravité des faits qui « n'a pour l'instant provoqué aucune conséquence quant à la responsabilité des hiérarchies politiques ». Cela tout en rappelant le « discrédit » qui a frappé des opérations similaires par le passé. « Il est du droit et du devoir de la représentation parlementaire algérienne de demander à entendre les responsables des départements touchés par un fléau qui gangrène le potentiel économique du pays, scandalise le citoyen et dégrade sur la scène internationale l'image d'un système politique déjà bien altérée », est-il souligné. Il affirme, en outre, que plusieurs députés, notamment du RCD, ont interpellé les membres du gouvernement sur la plupart des dossiers de corruption « abordés de façon plus au moins partielle actuellement ». Mais aucune réponse n'a été donnée à leurs questionnements.