Les chercheurs d'horizons disciplinaires et professionnels divers sont de plus en plus nombreux à étudier ce phénomène et le sens à donner à cette irruption massive dans notre quotidien. Intervenant lors d'une journée d'étude organisée, samedi dernier, par l'Association nationale des parents d'élèves à la maison de jeunes de Ouled Yaïch (Blida), Younès Grar, consultant en TIC, a tenté de répondre à une question pertinente : comment se comporter positivement avec les réseaux sociaux, particulièrement dans le rapport qu'entretiennent les parents avec ce nouveau média ? En 2005, il y avait des téléphones mobiles, mais peu d'internet. En 2015, chacun a un téléphone mobile connecté à internet. Les Chinois disent : «Si on veut savoir comment sera l'avenir, il faut le demander aux enfants.» Nous vivons dans un monde numérique caractérisé par de grands et rapides changements. Malgré une connexion internet limitée, les Algériens ont découvert ce nouvel outil. L'Algérie a enregistré plus de 20 millions d'abonnés à la 3G deux ans après son lancement. Presque 17 millions d'Algériens sont sur facebook (67% d'hommes et 33% de femmes). Plus de 90% ont moins de 35 ans. Ils passent en moyenne 3 heures par jour sur les réseaux sociaux. Ces moyens ont pénétré pratiquement tous les foyers où la majorité des membres de la famille vivent de plus en plus dans un monde virtuel. Ils sont connectés pendant plusieurs heures et sans interruption aux dépens du temps consacré au repos et à l'alimentation. Parmi les utilisateurs les plus vulnérables et les plus fragiles, il y a les enfants. Il ne s'agit pas de leur interdire massivement tout accès à ces nouveaux moyens de communication afin de les protéger, mais de leur apprendre (et souvent également à leurs parents) à vivre avec, à les gérer, à les utiliser avec prudence, discernement et intelligence, et à s'en protéger. Il faut leur en apprendre les intérêts, les limites et les dangers. Quels sont les risques encourus par les enfants ? L'exposition involontaire à des images choquantes (pornographie, violence…) et beaucoup de temps consacré à internet peuvent l'être au détriment d'autres activités (consommation excessive), divulgation des données personnelles via les blogs et les chats et harcèlement et incitation aux sectes. Avec la diffusion des appareils mobiles et individuels, les moyens de connexion à internet se sont diversifiés. Dans leur chambre, quand ils sont dans la rue, sur le chemin de l'école, les jeunes peuvent entièrement échapper à la supervision des adultes, en utilisant internet de manière privée. Faut-il vivre notre siècle ou rester à l'écart ? «Le défi est réel, car il n'y a aucun moyen de faire marche arrière. Les technologies se sont imposées aussi bien dans notre vie professionnelle que dans nos maisons», conclut Grar. Il faut ajouter que le numérique ne présente pas que des menaces. Ces dernières années, la Thaïlande, l'Afrique du Sud, la Turquie et la Colombie ont mis en place des projets nationaux ambitieux pour fournir leurs écoles en tablettes. Elles sont porteuses de trois objectifs pédagogiques principaux : enrichir les sources d'accès à la connaissance grâce à un support propice à l'horizontalité, s'affranchir du manuel papier avec l'espoir d'un gain économique important afin d'agir sur les inégalités d'accès aux manuels classiques et former très tôt les jeunes populations aux environnements numériques afin de les préparer au monde professionnel.