Elle est venue à la boxe comme une fille de son âge aurait choisi de faire du volley-ball. Sauf que là, et la nuance est quand même de taille, choisir l'art du pugilat quand on appartient au sexe féminin, qui plus est en Algérie, c'est, toutes proportions gardées, franchir le Rubicon. C'est ce qu'a fait Ramoul Akila, non pas par anticonformisme orienté ou par provocation, mais tout bonnement parce qu'elle a vibré pour la boxe dès l'enfance. Elle ne manquait pas alors, à chaque fois qu'elle était à hauteur du stade Abed Hamdani d'El Khroub, de faire un crochet par la salle de boxe du CSK où elle jetait un coup d'œil en entrebâillant la porte, jusqu'au jour où l'entraîneur, en l'occurrence Lakhdar Zeghad, la fera entrer pour discuter avec elle. Il saura ainsi qu'elle voulait revêtir des gants et boxer comme les garçons. C'est d'ailleurs elle-même qui nous le confirmera : « J'ai voulu effectivement faire de la boxe au moment où des copines préféraient jouer à la marelle. Je ne suis pas violente, loin s'en faut, mais c'est un sport comme un autre, sauf que je me sens pour celui-ci plus de passion. » Mais cela est-il facile dans l'ambiance mâle par excellence qui règne dans la salle ? Akila n'y voit aucun inconvénient : « Je m'entraîne avec des garçons et je revêts les gants face à des garçons. Il n'est d'ailleurs pas exclu que je monte sur le ring pour une compétition dans un même contexte, compte tenu du fait que je suis la seule boxeuse au niveau de la wilaya. A vrai dire, cela ne me gêne pas du tout. C'est un choix…mon choix, et je l'assume. » A quinze ans, et dans sa catégorie de poids mouche, Akila a-t-elle des chances d'aller loin ? Son entraîneur dira : « Pour une fille et dans notre région, cela n'est pas trop évident. Toutefois, elle pourrait être la locomotive parce qu'elle vient quelque part bousculer le conformisme béat. Elle se serait trouvée à Alger, le problème ne se serait pas posé. Comme il faut un commencement à tout, je reste optimiste. En attendant, l'essentiel est qu'elle se fasse plaisir. »