Le président de la Fédération de football veut remettre les choses en place durant cette période présmondial. La défaite (0-3) face à la Serbie, le 3 mars à Alger, a fait voler en éclats l'unité (de façade) au sein et autour de l'équipe nationale, façonnée depuis des années. Pour s'en convaincre, il suffit de parcourir les colonnes de la presse. Les principaux acteurs (joueurs, entraîneurs et membres du staff) se répandent en déclarations et insinuations, déclarant leurs responsabilités de ce qui arrive et chargeant les autres parties de tous les péchés. Cette situation, dommageable à plus d'un titre, risque de remettre en cause tous les acquis et de discréditer l'image de l'équipe nationale. Cette difficile étape n'a pas laissé insensible le président de la Fédération algérienne de football (FAF), Mohamed Raouraoua, qui a instruit les services de la structure à « rappeler à chacun ses obligations vis-à-vis de sa hiérarchie ». Cette mise en garde vise pratiquement tous les membres du staff technique et administratif de l'équipe nationale. Le président les réunira en début de semaine, après son retour de Libye, pour placer chacun d'entre-eux devant ses responsabilités. « Il ne s'agit plus de recadrer. A la prochaine incartade, des décisions tomberont », indique une source proche du bureau fédéral. Les heures et jours qui ont suivi la rencontre face à la Serbie a donné lieu à un cafouillage et où chacun a tiré la couverture vers lui profitant, justement, de l'absence momentanée du premier responsable de la Fédération. De Tripoli où il se trouve avec une délégation de la Confédération africaine de football (CAF), ce dernier nous a affirmé hier : « Les gens ont pris trop de liberté, au lieu de rester concentrés sur l'objectif, à savoir bien se préparer en prévision de la Coupe du monde. La récréation est terminée. » Il était temps qu'il intervienne avant que le malaise autour de l'équipe nationale ne prenne une tournure dramatique. Comme toujours dans pareil cas, la presse est le coupable idéal et tout indiqué à qui on fait porter le chapeau et sortir indemne d'une situation où les vrais acteurs ont grandement contribué à son pourrissement. Il ne se passe plus un jour, par exemple, sans que des cercles ne soient briefés, pour ne pas dire montés contre les responsables de la Fédération par les salariés de cette dernière. Des membres du staff technique ne cessent de charger le président de la Fédération dans les salons lors de rencontres « privées ». Ils lui imputent tous les problèmes. L'intéressé a la naïveté de croire que c'est la presse qui monte en épingle ces « histoires ». La réalité autour de la sélection est loin d'être ce que l'on croit. Son aréopage est truffé de « gorges chaudes » qui alimentent les gazettes et pourrissent le climat. Les petits et grands secrets sont livrés en boîte. Le vestiaire n'est plus ce lieu sacré que se partagent les joueurs et les membres des staffs. Les « gorges chaudes » tapis au sein et autour de la sélection se « partagent » équitablement la besogne et sciant la branche sur laquelle est assise l'équipe nationale. Il est utile aussi de souligner que des proches du staff technique ont organisé des « fuites » pour accréditer la thèse selon laquelle des parties ont tout fait pour saborder la venue du joueur Lacen à travers le blocage de l'envoi de son billet de voyage électronique. A quels desseins obéit cette logique de coups bas portés à l'équipe nationale ? Une interrogation à laquelle les initiateurs de cette mauvaise sortie devront y répondre. Depuis plus d'un an, il existe une course effrénée entre eux et se disputent le leadership de la bonne parole prêchée au profit des « heureux élus » qui gravitent autour de la sélection. D'autres chapitres, peu glorieux, peuvent être abordés sans crainte d'être démentis. Surtout ceux concernant les stages et regroupements à l'étranger ou avec la complicité du premier cercle des proches de l'équipe nationale, de la nourriture, des boissons sont achetées et acheminées dans les chambres de joueurs... sans, bien sûr, que cela entraîne la moindre réaction des responsables présents sur place. Ils font comme s'ils n'ont rien vu, rien entendu. Beaucoup de choses ne tournent pas rond lorsque le président de la Fédération n'est pas avec la sélection. Pour toutes ces raisons et d'autres aussi, le premier responsable de la Fédération a décidé de placer chacun devant ses responsabilités. Celui qui faillira rentrera chez lui. Les techniciens envoyés en Europe pour observer les matches des futurs adversaires de l'équipe nationale seront interpellés sur leurs déclarations recueillies par la presse. Dans l'étape actuelle et vu les proportions que prend l'affaire après Algérie-Serbie, il est plus qu'impératif de mettre de l'ordre dans la maison. C'est ce qui sera fait en début de semaine.