La rencontre, qui a rassemblé des professionnels de la pêche et des représentants du secteur des wilayas côtières de l'Est algérien, a été une occasion pour revenir sur les contours de cette activité d'appoint pour les pêcheurs soumis à diverses contraintes. Le wali de Jijel, Larbi Merzoug, affirmera attendre «l'adhésion des patrons pêcheurs du moment que les textes réglementaires sont là» en faisant référence au décret exécutif 16-203 du 25 juillet 2016, fixant les conditions et les modalités d'exercice des activités de transport maritime urbain et de plaisance maritime. Pour Fouad Guenatri, cadre à la DG de la pêche et de l'aquaculture au ministère, «la production mondiale a atteint ses limites, notamment en mer Méditerranée», précisant que la production nationale fluctue autour de 120 000 tonnes pour des besoins se situant autour de 200 000 tonnes, d'où les projets d'aquaculture marine et d'eau douce pour combler ce déficit. Il annoncera qu'un texte relatif à l'installation de récifs artificiels de restauration de la ressource et de protection de sites maritimes d'intérêts halieutique, attendu depuis des années, est en cours d'adoption. Ce qui permettra de lutter contre la pêche illicite. Il indiquera que le pescatourisme, qui consiste à embarquer des passagers à bord de navires armés et équipés pour la pêche, n'est pas une reconversion, mais une diversification des activités à même de constituer une amélioration du revenu des pêcheurs, en diminuant l'effort de pêche. La directrice de la DPARH, Nadia Ramdane-Fetoussi, est revenue sur l'historique de cette activité de pescatourisme, de l'Italie en 1992 à la France, avant d'intéresser le Parc national de Taza au début de cette décennie, en faisant de Jijel le siège du projet pilote en Algérie. Un impact social Pr Saïd-Chawki Chakour de l'université de Jijel s'est penché sur l'impact social du pescatourisme. L'historien Sofiane Abdelatif, de l'université de Guelma, a planché quant à lui, sur l'approche entre la pêche, l'homme et la terre, en esquissant un aperçu historique de la relation des gens de la région avec la mer depuis les temps reculés, notamment à Chabae (Ziama Mansouria), Igilgili (Jijel) ou encore Toncha près de Oued Z'hor. La rencontre a vu la signature d'une convention entre la société d'assurance Le Mutualiste et la Chambre de la pêche et de l'aquaculture de la wilaya de Jijel pour développer les assurances complémentaires auprès des pêcheurs. Pour les pêcheurs présents, avec qui nous avons discuté, certains problèmes plombent leur activité. A ce propos, Amar Boudergui, patron pêcheur, nous parlera de la pression de la banque pour le remboursement des crédits dans une conjoncture difficile caractérisée par une raréfaction de la ressource, la cherté du carburant, contrairement aux autres pays où ce produit est subventionné pour la pêche. Notre interlocuteur estime que la banque doit octroyer un différé de remboursement du crédit lors de la période de repos biologique qui dure 4 mois et durant laquelle les bateaux restent à quai. Plus encore, il estime que le repos respecté par les chalutiers, ne l'est pas par les pêcheurs aux trémails, qui, ajoutera-t-il, détruisent la ressource en phase de reconstitution. Une constatation vérifiable sur toute la côte jijelienne parsemée tout au long de l'année de filets près du rivage, qui font que le pêcheur occasionnel à la ligne ne trouve plus que quelques poissons accrochés à quelques hameçons. Fodil S.