Dans un communiqué, le ministère qatari des Affaires étrangères a confirmé que son gouvernement avait reçu jeudi «un document contenant les demandes», ajoutant qu'il «étudiait ces demandes et leurs fondements pour préparer une réponse appropriée». Dans cette liste circulant sur les réseaux sociaux mais qui n'a pas été annoncée officiellement, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l'Egypte exigent notamment du Qatar une réduction des relations avec l'Iran, la fermeture d'une base de l'armée turque et l'arrêt de la chaîne Al Jazeera, considérée comme le bras médiatique du ministère qatari des Affaires étrangères. Sans commenter la liste, le ministère a indiqué que la réponse devra être remise au Koweït dont il a loué les efforts de médiation pour «surmonter la crise actuelle».
«Escalade militaire» Malgré les pressions qu'il subit depuis le début du mois, l'émir Tamim Ben Hamad Al Thani ne compte visiblement pas satisfaire les exigences de ses voisins. Du moins pas toutes. C'est ainsi qu'il a autorisé le déploiement de soldats turcs au Qatar. Outré par cette décision, le Bahreïn a accusé hier le Qatar de chercher une «escalade militaire» en faisant appel à des soldats étrangers. «Le différend avec le Qatar est politique et sécuritaire et n'a jamais été militaire. Mais le déploiement de troupes étrangères avec leurs blindés est une escalade militaire dont le Qatar assume les conséquences», a écrit cheikh Khaled ben Ahmed Al Khalifa, le ministre bahreïni des Affaires étrangères sur son compte Twitter. Cette mise en garde intervient au lendemain de l'annonce par l'armée turque de l'arrivée au Qatar de 5 véhicules blindés et de 23 militaires. Ce déploiement faisait suite à l'approbation, le 7 juin, par le Parlement turc d'un accord datant de 2014 et permettant l'envoi de troupes sur une base turque au Qatar. Environ 90 militaires y étaient déjà stationnés. Dans la foulée, le président turc Recep Tayyip Erdogan a jugé «contraire au droit international» la demande des adversaires du Qatar relative à la fermeture de cette base. «Certaines puissances régionales (la Turquie, ndlr) se trompent si elles croient que leur intervention va régler le problème», a rétorqué le chef de la diplomatie bahreïnie. Il a ajouté qu'«il est dans l'intérêt de ces puissances de respecter le système régional actuel, le seul en mesure de régler» le différend entre le Qatar et ses voisins du Conseil de coopération du Golfe (CCG). Riyad et ses trois alliés ont, rappelle-t-on, rompu le 5 juin leurs relations avec le Qatar qu'ils accusent de soutenir les groupes extrémistes et de ne pas prendre assez de distance avec l'Iran. Cette rupture s'est accompagnée de mesures économiques, comme la fermeture des liaisons aériennes et maritimes avec le Qatar et de la seule frontière terrestre de l'émirat, ainsi que des interdictions de survol et des restrictions aux déplacements des personnes. «Ce blocus n'est pas destiné à combattre le terrorisme, mais à empiéter sur la souveraineté du Qatar et à s'ingérer dans sa politique étrangère», avait réagi dans un communiqué samedi le directeur du bureau de communication gouvernemental, cheikh Saif Ben Ahmed Al Thani, en évoquant la liste de demandes soumise à Doha. Rappelant que le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson, en contact avec Doha et Ryad, avait espéré mercredi que la liste de demandes «sera raisonnable et réalisable», cheikh Saif a estimé que cette liste «ne répond pas à de telles normes».