Le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, a indiqué que le rehaussement des relations algéro-françaises à un niveau « exceptionnel », ainsi que souhaité, il y a un temps par le gouvernement français passe par la reconnaissance du passé colonial de la France en Algérie. « Les relations algéro-françaises existent depuis le 5 juillet 1962 et leur passage à l'exception, comme cela a été demandé par la France, a un prix et il est connu. Il y a la question du passé qui doit faire l'objet d'une reconnaissance. Le passage vers l'exception est conditionné aussi par la question de l'égalité dans les relations, les intérêts et tout le reste », a-t-il soutenu lors d'une conférence de presse animée à l'issue de la 3e session du conseil national de son parti. A propos de l'affiche électorale du Front national (FN, parti français d'extrême droite) de Jean-Marie Le Pen, portant atteinte à l'emblème national, Ahmed Ouyahia a rappelé que des gens appartenant à ce même courant ont été derrière l'attentat à l'explosif perpétré en 1973 contre le consulat algérien à Marseille, ainsi que l'attentat meurtrier contre des émigrés algériens dans cette ville. « Le défunt président Houari Boumediene avait décrété alors l'arrêt de l'émigration des Algériens vers la France après ces attentats », a-t-il encore rappelé. « Est-ce que vous vous attendez à mieux de la part d'un criminel. Subitement, on s'étonne devant ce que fait le FN », s'est-il interrogé. M. Ouyahia a rappelé aussi que Le Pen s'était engagé dans l'armée d'occupation en Algérie durant la guerre de Libération nationale, au moment où il était député et qu'« il assimilait cet engagement à un acte de bravoure, lui qui était officier parachutiste et tortionnaire ». Concernant le projet de loi criminalisant le colonialisme, le patron du RND a fait savoir que le texte a été déposé au niveau du gouvernement qui donnera sa réponse dans un délai de 60 jours. A signaler que dans la résolution sanctionnant la 3e session ordinaire de son conseil national, le RND a affirmé que « toute volonté proclamée de bâtir une relation approfondie de coopération avec le peuple algérien ne saurait aboutir sans le préalable de la reconnaissance par la France des crimes qu'elle a perpétrés pendant son occupation de l'Algérie ». A la question de savoir pourquoi les députés de son parti n'ont pas signé la pétition initiée par le FLN demandant l'élaboration d'une loi criminalisant le colonialisme, M. Ouyahia a indiqué que le document a été distribué sous le manteau. A ce propos, il regrette que certaines parties utilisent cette question comme fond de commerce avant de préciser que le RND n'a de leçon de nationalisme à recevoir de personne. Comme pour leur rendre la monnaie de leur pièce, il s'est demandé, à son tour, pourquoi ces mêmes « donneurs de leçon » n'ont pas réagi au moment où le Parlement français avait adopté la loi glorifiant la colonisation.