Ultime espoir pour la Grèce. Son ministre des Finances, George Papaconstantinou, expérimentera, aujourd'hui et demain, son ultime tentative destinée à convaincre ses homologues, réunis à Bruxelles, de la capacité de son gouvernement à appliquer la cure d'austérité imposée par la dérive des finances publiques. L'exercice du ministre grec est perçu comme un dernier recours, alors que le pays s'embourbait déjà dans un engrenage de récession de couleur grisâtre, couplé d'une tension sociale aiguë. Les Grecs s'agrippent au seul espoir d'un éventuel soutien européen. Les ministres des Finances des pays du vieux continent doivent débattre des modalités d'un plan d'aide promis, depuis plus d'un mois, pour permettre au pays d'emprunter à des taux moins prohibitifs. Il faut dire que tout compte fait, les grands argentiers de l'Europe ont le couteau à la gorge car l'onde de choc du « scandale grec » risque d'entraîner la zone euro dans un véritable tourbillon d'incertitude économique. La valeur de la monnaie unique connaît déjà depuis quelques jours un fléchissement important face au billet vert, dont la valeur est plus que jamais consolidée. Plombée par une dette de 300 milliards d'euros, la Grèce doit emprunter pour uniquement l'année 2010 quelque 54 milliards d'euros pour se refinancer, dont environ 20 milliards d'ici le mois de mai. Jamais l'Union européenne n'a été aussi ébranlée par un scandale financier depuis ses premiers mois en tant qu'entité économique. Pour ses besoins de refinancement, la Grèce a dû consentir des taux de plus de 6% pour lever 13 milliards d'euros lors de deux premières émissions obligataires lancées cette année. Le pays le plus faible de l'UE devrait convaincre Bruxelles afin de pouvoir mettre sur les rails un plan de redressement qui vise à ramener cette année le déficit public de 12,7% à 8,7% du PIB. Le rapport soumis à débat bruxellois par le ministère grec des Finances inclut, entre autres mesures, des coupes supplémentaires des salaires dans la Fonction publique, le gel des retraites et une hausse de deux points de la TVA, à 21%. Cependant, à l'annonce de cette batterie de mesures, une tension sociale s'est faite ressentir illico presto dans la rue grecque. Depuis plusieurs semaines, des dizaines de milliers de protestataires occupent les rues et deux grèves générales en quinze jours ont été décrétées. A l'horizon de l'économie grecque pointe une menace d'une récession qui pourrait dépasser -0,8% en 2010. Les chiffres du chômage n'incitent pas non plus à l'optimisme, avec un bond à 10,2% en décembre2009, contre 8,9% un an auparavant.