Les négociations entre socialistes et écologistes pour un front commun au second tour ont déjà commencé. Paris De notre bureau Le premier tour des élections régionales en France traduit un « rejet » de l'action du président de la République, Nicolas Sarkozy, et une « aspiration » à une autre politique, estimaient hier les analystes politiques français. En France métropolitaine, l'UMP obtient 26,15%, tandis que les socialistes recueillent 29,48% des voix. Europe Ecologie a remporté 12,4% des voix. Avec ce score, le parti des Verts devient la deuxième force politique de gauche. Le Front national fait une remontée importante, à 11,7% au niveau national, et est en mesure de provoquer des triangulaires dans une douzaine de régions. Pour le leader écologiste, Daniel Cohn-Bendit, le ministre de l'Immigration, Eric Besson, qui a conduit le débat controversé sur l'identité nationale, a « réussi son coup, c'est-à-dire de faire remonter le FN ».Ce dont se défend ce dernier. « Le FN n'est qu'une force d'instrumentalisation des déçus de la droite et de la gauche », explique, à 20minutes.fr, l'analyste Stéphane Rozès. Le Front de gauche, alliance entre les communistes et le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon, a engrangé 6% des suffrages. L'échec du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) d'Olivier Besancenot est cuisant, avec un faible score aux alentours de 2,5%. Le Mouvement Démocrate (MoDem) s'effondre à 4,3%. Son score était de 8,46% aux européennes. « Rien n'est joué pour le second tour dans de nombreuses régions », a souligné le Premier ministre, François Fillon, lors d'une brève allocution à Matignon, dimanche soir. La majorité présidentielle et ses alliés s'accrochent à cette lecture du premier tour marqué par une abstention record qui a atteint 53,6%, soit 16 points de plus qu'au premier tour des régionales de 2004. L'enjeu pour la majorité présidentielle est désormais de récupérer les abstentionnistes du premier tour. Ayant misé sur l'union dès le premier tour, l'UMP dispose de très peu de réserves de voix pour le second tour du 21 mars. « Tout reste ouvert parce que les électeurs ne sont la propriété d'aucun parti », a ajouté François Fillon, lorgnant vers les électeurs d'Europe Ecologie et ceux de l'extrême droite. Sur les huit ministres engagés comme tête de liste dans le scrutin, aucun ne semble en mesure de faire gagner son camp au second tour, la semaine prochaine. La première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, a souligné que « les Français ont envoyé un message clair et fort ». « Ils ont aujourd'hui exprimé leur refus d'une France divisée, angoissée et affaiblie et ils ont surtout voulu exprimer leur souhait d'une France à la fois plus juste et plus forte. » « Un message clair et fort » Se gardant de tout triomphalisme, Martine Aubry a appelé les électeurs à « amplifier le mouvement » dimanche prochain pour « faire gagner la gauche rassemblée ». La présidente sortante de Poitou-Charentes, Ségolène Royal, qui a engrangé près de 39% des suffrages avec une liste incluant des candidats du Mouvement Démocrate et des Verts, a fait le constat d'« un vote-sanction sévère » contre « le système Sarkozy qui épuise la France ». Les négociations entre socialistes et écologistes ont commencé hier matin. « Nous serons dans le respect des uns et des autres en fonction des rapports de force », a souligné Daniel Cohn Bendit. Cécile Duflot, la secrétaire nationale des Verts, aspire à une « troisième voie, celle de l'écologie politique ». La gauche, qui depuis 2004 dirige 24 des 26 régions françaises (outre-mer compris), espère ainsi être en mesure de réaliser le « grand chelem » et de gagner dans les seules régions qui lui échappent encore, la Corse et l'Alsace.