Quelques semaines après avoir décroché votre titre, en juillet dernier, réalisez-vous que vous êtes vainqueur des Jeux mondiaux ? Pas du tout. C'est bizarre de dire cela, mais pendant la compétition je ne réalisais déjà pas ce qui se passait. J'ai une philosophie dans la vie qui fait que le karaté ce n'est que du bonus pour moi. Avant je me pourrissais la vie. Si je ne gagnais pas, il me fallait un mois pour me projeter sur une autre compétition. Depuis que je kiffe d'être sur le tatami.
Comment avez-vous préparé ces Jeux ? J'ai dû m'entraîner toute seule en France. Tous mes camarades étaient partis en sélection de France dès avril. Je faisais parfois 200 enchaînements quotidiens avec les jeunes du club. C'était dur de répéter pendant une heure et demie. Cela m'a permis d'être affûtée et d'avoir le coup d'œil sur le contre et la remise. Je me suis aussi attachée les services d'un préparateur physique trois fois par semaine et un spécialiste du mental. Toutes ces choses mises bout à bout font que je me suis préparée comme il le fallait. Qu'est-ce qui vous a poussée à passer de la France à l'Algérie en 2014 ? J'en avais assez de mériter ma sélection et de ne pas partir au final. On ne me donnait pas de raisons valables alors que je m'entendais très bien avec tout le monde. Comme je méritais les compétitions internationales, et que mon objectif était d'être championne du monde, le discours de ma mère qui m'a toujours conditionnée pour aller en équipe d'Algérie m'a incitée à aller faire les Championnats d'Algérie. J'ai participé et j'ai gagné. On m'a proposé ensuite une sélection pour faire des stages. Après, la Fédération m'a demandé de les rejoindre. Cela m'intéressait. Du jour au lendemain, j'ai changé de sélection. Entendre l'hymne national sur la plus haute marche du podium, qu'est-ce que cela fait ? C'était la deuxième fois que je l'entendais après les Jeux africains. Il y avait beaucoup d'émotion. Notre hymne est très important. Il est chargé d'histoire. Il a été écrit à la limite par le sang de nos ancêtres. Il me touche comme il touche chaque Algérien. Rien que d'y penser je suis très émue (ses yeux s'embuent, ndlr). A présent que vous avez un statut à défendre, quels sont vos objectifs ? Je ne vois que les Jeux olympiques à Tokyo en 2020. On sera en présentation (la compétition n'est pas encore inscrite officiellement aux JO, ndlr,). Il y aura quand même une compétition à l'issue de laquelle le CIO validera ou pas notre sport.