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Huit ans déjà
Publié dans El Watan le 08 - 02 - 2018

Ali Khodja, est né dans un milieu aristocratique – il est un arrière-petit-fils du Dey d'Alger -, mais malheureusement pas dans l'opulence, comme on pourrait l'imaginer. Il a été orphelin très jeune et il était difficile pour sa mère de joindre les deux bouts. Cependant, cette précarité matérielle était compensée par une immense richesse culturelle.
Ses tantes, brodeuses de renom, et ses oncles, les frères Omar et Mohamed Racim, ne sont plus à présenter. C'est dans cette ambiance baignée d'arts traditionnels et de musique andalouse que se sont déroulées l'enfance et l'adolescence de notre artiste. Après avoir étudié à l'Ecole des beaux-arts d'Alger, et comme de nombreux condisciples, ses premières œuvres sont des miniatures, mais il s'en détacha rapidement, afin de ne pas subir l'influence de ses oncles.
Ali Khodja, contrairement aux peintres de sa génération, a peu exposé, ses plus importantes et nombreuses cimaises ont eu cours avant et après la décennie noire. Et pour ceux qui connaissent la peinture d'Ali Khodja, ses couleurs chatoyantes empreintes de douceur et de joie de vivre ne peuvent que refléter le ciel azur d'Alger, comme il le disait lui-même, cette couleur ne se conjugue pas dans le malheur et la morosité.
La sensibilité de l'artiste ne lui permet pas de créer en période de malheur, il cessa toute activité durant trois périodes de sa vie : la lutte pour l'indépendance de l'Algérie, la mort tragique de son oncle Mohamed et durant la décennie noire. Il fut un défenseur inconditionnel et un acteur de la cause algérienne, et dès l'indépendance, sa plus grande satisfaction fut de réaliser les armoiries d'Alger. Il se consacra durant ces premières années à la réalisation de timbres, affiches pour l'Office du tourisme et à son enseignement à l'Ecole des beaux-arts.
Son amour immodéré du pinceau et de la palette le reconquit au début des années 1970, et ne le quitta plus jusqu'à son décès. Sa peinture, il la rêve, il la pense avant de la transcrire sur la toile, il peut la modifier ou varier les couleurs indéfiniment, le temps n'a eu aucune emprise sur lui. L'œuvre doit être le reflet du songe et les couleurs telles qu'immémorées par l'auteur. La couleur chez Ali Khodja est au quotidien, elle est magie, elle vous projette dans un arc-en-ciel de lumière, qui vous réconcilie avec la beauté et l'harmonie des sens.
Ali Khodja a plusieurs cordes à son arc, il est à la fois poète, philosophe et nouvelliste Ses écrits, peu de gens les ont lus, il les conservait jalousement dans sa bibliothèque et ne les présentait qu'à quelques intimes. Bien entendu, ses écrits reflétaient particulièrement sa pensée avant-gardiste et moderniste, tout en étant conservateur des traditions algéroises. Dans son atelier, il recevait de nombreux visiteurs : des membres de la famille, des artistes ou des personnalités de la société civile.
Le cérémonial était le même, que ce soit le matin, l'après-midi ou le soir. Après avoir pris le thé d'usage, il montrait fièrement à ses hôtes ses collections de livres ou d'objets anciens hérités de ses ancêtres, il commentait quelques-unes de ses dernières œuvres, puis, aux plus intimes, ses écrits.
Son ouverture d'esprit, sa simplicité et sa grande culture lui permettaient d'avoir un large panel d'amis qui se recrutaient parmi les artistes, les intellectuels et quelques politiciens. Cependant, ses véritables amis étaient ses anciens camarades d'école, avec qui il passait une ou deux heures tous les matins, dans une des plus vieilles boutiques d'El Biar, dont le propriétaire était également un vieil ami.
Il était tellement assidu que s'il ne «pointait» pas à la boutique un jour ou deux, ses amis s'en inquiétaient et téléphonaient pour avoir de ses nouvelles. Lui qui n'aimait pas le sport, ne fréquentait dans cette boutique pratiquement que des anciens sportifs, anciennes gloires de la JSEB, des anciens membres de l'équipe du FLN, et des fanas de foot. Il était l'électron libre et étrange des amis de la boutique.
C'est cette ouverture d'esprit qui lui permit de fréquenter aussi bien un vieil ami commerçant qu'un philosophe, qui lui a donné cette vision du monde dont il s'est largement inspiré pour ses écrits. Sa peinture, qu'elle soit transcrite au couteau, au pinceau ou à la feuille d'or a toujours été le reflet de son inspiration, elle émanait de la lumière qui rejaillissait dans son atelier. Il aimait varier la technique et les styles, il abhorrait le travail routinier, dans son art et dans sa vie. Il recherchait sans relâche des formes et des idées nouvelles pour les exprimer sur la toile.
C'est une peinture toute en émotion. Ali Khodja a toujours été le peintre de la lumière et du soleil, ses couleurs, où le bleu du ciel rejoint le bleu de la mer, ses verts chatoyants et ses ocres, sont l'émanation d'Alger, des djenanes du fahs et des vallons du sahel algérois. Son œuvre est basée sur deux pulsions, la sincérité et l'exigence, principe qu'il s'applique à lui-même dans sa vie de tous les jours.
L'art de Ali Khodja trouve toute sa dimension et sa force d'expression dans la diversité de ses messages, en usant de ses éléments de sa composante, à savoir le rythme, l'harmonie et l'espace. Il ne pouvait créer que dans son atelier, qui était un véritable capharnaüm de livres et de disques épars, bercé par la musique classique universelle et la musique andalouse. Le poète des couleurs, comme il aimait à se définir, s'en est allé un 7 février 2010, laissant une œuvre inachevée, orpheline de son créateur.


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