Le rapport sur les tendances monétaires et financières au second semestre 2009 présenté, jeudi dernier, par le gouverneur de la Banque centrale, Mohamed Laksaci, devant les responsables des banques nationales et étrangères, a relancé le débat sur la question des réserves de change. Ces dernières qui sont estimées à 148,9 milliards de dollars à la fin de l'année 2009 ont toujours suscité des débats quant à leur utilisation ou leur rémunération. Pour Salah Mouhoubi, universitaire et économiste, à qui nous avons demandé comment expliquer la monétisation des réserves de change, cette dernière « peut être comprise comme l'utilisation de ces ressources en monnaie nationale, c'est ce qui explique la répartition donnée par le gouverneur de la Banque d'Algérie ». « Mais, normalement, les réserves de change sont libellées en devises et placées à l'extérieur dans les banques centrales et au niveau du marché international des capitaux », a t il expliqué. A propos du Fonds de régulation des recettes, « c'est l'excédent des recettes budgétaires par rapport aux dépenses. Par exemple, si la loi de finances fixe le prix du baril à 32 dollars et qu'à la fin de l'année, le baril de pétrole est à 60 dollars, la différence est logée dans le Fonds de régulation des recettes », a-t-il indiqué. Concernant les avoirs de Sonatrach à la Banque extérieure d'Algérie, M. Mouhoubi explique que « quand Sonatrach vend du pétrole, elle engrange des devises, celles-ci transitent par la BEA qui les cède à la Banque centrale en contrepartie de dinars, et c'est la raison pour laquelle Sonatrach est toujours excédentaire à la BEA ». A propos de la composition des réserves de change par devises d'origine, M. Mouhoubi se demande : « Pourquoi sont-elles composées à 46% en dollars et à 42% en euros ? » « Nos revenus en devises sont libellés à 98% en dollars et nous importons à hauteur de 60% de la zone euro, donc comment expliquer cette structure ? » M. Mouhoubi se demande si cette répartition est bonne. « On peut supposer que la Banque d'Algérie, pour des raisons de partage de risque, a diversifié, estimant établir une certaine parité entre les deux devises, est-ce la bonne politique ? »,s'est-il demandé. Concernant le montant de ces réserves, M. Mouhoubi a indiqué qu'il a évolué. Il faut souligner que 2008 est une année d'exception qui n'a pas de référence dans la mesure où le baril a atteint un sommet historique. Si les réserves ont faiblement progressé, c'est dû au fait que le prix du baril de pétrole a reculé, si on a engrangé près de 6 milliards de dollars en plus, c'est très honorable. Toutefois, M. Mouhoubi pose le problème de l'apport de ces réserves de change. « Comment sont placées ces réserves de change ? Parce que le gouverneur n'a pas donné de détails sur leur placement, leur taux de rémunération, notamment les bons du Trésor américain et de manière globale, les revenus engrangés de ces placements par l'Algérie, parce qu'il faut souligner que les taux d'intérêt sur le dollar et sur l'euro sont très faibles. » Pour M. Mouhoubi, « le gouverneur a usé d'un langage ésotérique là où il fallait être simple et clair ». Le gouverneur s'était contenté de déclarer que les placements des réserves de change avaient produit des revenus appréciables dans un environnement à très faibles rendements sur les marchés internationaux.