Parmi les 600 bidonvilles qui ont essaimé dans la wilaya d'Alger, certains ont été démolis entièrement, alors que d'autres ne l'ont été que partiellement. On envisage pour la énième fois, de se débarrasser, après les redondantes révoltes plébéiennes, des honteuses favelas en tentant de conférer un look moins honteux à une mégalopole qui s'est vu le long des décades post-indépendance se mouvoir dans un tissu urbanistique où l'équilibre architectural et paysager est foulé aux pieds. On est dès lors titillé par cette interrogation relative à la destination de cette portion de foncier libérée après le mouvement de colère qui a fait tache d'huile. S'agit-il de fermer l'œil et de laisser s'installer d'autres squatters de beylick dans ces mêmes sites avant la prochaine grogne qui leur donnera accès à des logements tout neufs destinés initialement, à d'autres qui prennent leur mal en patience, eux aussi, depuis des lustres ? S'agit-il juste d'éradiquer ces poches d‘habitat indigne sans juger bon de les valoriser, a fortiori lorsqu'on enregistre une tension sur le foncier dans le nord du pays ? Le wali délégué de Bir Mourad Raïs a eu, en tout cas, la féconde idée de faire transformer prochainement le mégabidonville Doudou Mokhtar en grand parc écologique. Mesure ingénieuse sur un double plan : d'une part, éviter l'érection d'une concrétion de nids faits de zinc et de tôle – futurs foyers de tension, il va sans dire –, et d'autre part, se réconcilier avec la notion de ville où les espaces verts rapetissent, à notre grand dam, au fil des ans. Un exemple qui n'invite pas moins les édiles à lui emboîter le pas en « déclochardisant » ces sites, source de tant de maux et de malheurs. Car il serait impertinent que ce type d'initiative louable soit confiné seulement à cette option dite opération pilote et dans des zones habitées par des quartiers foncièrement huppés. Car chacune des communes de la wilaya d'Alger – on en compte 57 – a son lot de sites d'habitations indécentes. Que cela soit à Bologhine, El Harrach, Gué de Constantine, Birtouta ou Ouled Chbel, le constat n'est pas moins amer en matière d'habitat dont 20% représente cette masse de favelas qui grossit en l'absence d'une politique d'éradication efficiente.